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Le mouvement MeToo enclenché il y a bientôt deux ans a porté un coup d’accélérateur à une transformation de fond qui court depuis plusieurs décennies : la résorption progressive des inégalités entre les femmes et les hommes. L’index d’égalité femmes-hommes montre que si certaines entreprises sont en alerte rouge, d’autres comme Alstom (95/100), La Poste (94/100) ou encore LVMH (90/100) affichent de bons résultats.
Le monde du travail est l’un des domaines où les inégalités continuent de s’exercer au vu et au su de tou.te.s. Ainsi, en France, les femmes sont payées en moyenne 9 % de moins que les hommes à postes et âges égaux, alors que l’égalité de principe est inscrite dans la loi depuis 46 ans.
Conscientes de l’importance du sujet, les autorités en ont fait une priorité nationale. Ainsi le gouvernement a fait adopter en novembre 2018 la loi Avenir professionnel, qui met en place un dispositif contraignant pour les entreprises : l’index de l’égalité femmes-hommes.
Un dispositif qui responsabilise les entreprises
En apparence technique, le dispositif imaginé est en fait simple. Gradué de zéro à 100, l’index compte 5 indicateurs :
- l’écart de rémunération femmes-hommes (noté sur 40 points)
- l’écart dans les augmentations annuelles (20 points)
- l’écart dans les promotions (15 points)
- les augmentations suite à un congé maternité (15 points)
- la présence de femmes parmi les gros salaires de l’entreprise (10 points)
Chaque entreprise est invitée à rendre public son score. Plus qu’un simple dispositif de name and shame, cet index est conçu pour faire bouger les lignes, au besoin par la sanction. Ainsi, une entreprise recueillant un score inférieur à 75 points aura trois ans pour prendre des mesures correctives, au risque d’écoper d’une amende pouvant atteindre 1 % de sa masse salariale.
Un premier bilan mitigé
Les entreprises comptant plus de 1000 salariés avaient jusqu’au 1er mars pour remplir leur déclaration – les autres disposant d’un délai supplémentaire pouvant aller jusqu’à un an. Mauvaise nouvelle : seule la moitié d’entre elles ont respecté la date butoir. Plus encourageant -ceci expliquant peut-être cela- : dans la plupart de celles qui l’ont fait, les écarts salariaux ne sont pas si élevés que ce qu’on pouvait craindre (37 sur 40 en moyenne).
Mais l’analyse des premiers résultats révèle aussi des points noirs. Ainsi, un quart des entreprises ont une note inférieure à 75, ce qui pour la ministre du Travail Muriel Pénicaud correspond à une « alerte rouge ».
Quant aux marges d’amélioration, qui concernent à peu près tout le monde, elles se trouvent du côté des augmentations consécutives à un retour de congé maternité, une vraie surprise, et de la présence de femmes au sein du top management, lacune déjà bien identifiée.
Petit exercice auquel chacune pourra se livrer, et qui a servi d’angle à de nombreux médias : déterminer, parmi les entreprises qui ont respecté le délai, celles qui font figure de bonnes élèves. « Pour l’instant, indiquait la ministre en présentant les premiers résultats dans les médias, trois entreprises ont entre 99 et 100 points : Sodexo, la Maïf et CNP ». D’autres parmi les plus importantes du pays enregistrent des scores plutôt flatteurs : Alstom (95/100), La Poste (94/100), LVMH (90/100) ou encore EDF (80/100). Parmi les « peut-mieux-faire », on retrouve Bolloré Logistics (69), Atos (71), Radio France (73) ou encore GRDF (73). Nul doute qu’avant même la limite des trois ans, le bad buzz suscité par la publication de ce score poussera ces entreprises à revoir certains pans de leur politique de ressources humaines.
Le sujet, en tout cas, semble inspirer les chefs d’entreprise. A l’initiative de la secrétaire d’Etat Agnès Pannier-Runacher, 50 d’entre eux ont signé ce dimanche dans le JDD une tribune dans laquelle ils s’engagent à « briser le plafond de verre », en augmentant la présence des femmes à des postes d’encadrement.
Et si cette fois-ci les choses étaient vraiment en train de changer ?