|
|
Avec les Neptunes, il a créé le son des années 2000 : un son minimaliste et syncopé qui refuse de choisir entre le dancefloor et le ghetto. Britney Spears, Justine Timberlake, Snoop Dogg : les plus grands ont bénéficié de sa vista de producteur avant qu’il se lance dans une carrière solo tout aussi fructueuse. Mais Pharrell Williams, c’est aussi une grande histoire d’amour avec la mode, qui se concrétise aujourd’hui avec la création d’une collection capsule pour Chanel…
Avec les Neptunes, il a créé le son des années 2000 : un son minimaliste et syncopé qui refuse de choisir entre le dancefloor et le ghetto. Britney Spears, Justine Timberlake, Snoop Dogg : les plus grands ont bénéficié de sa vista de producteur avant qu’il se lance dans une carrière solo tout aussi fructueuse. Mais Pharrell Williams, c’est aussi une grande histoire d’amour avec la mode, qui se concrétise aujourd’hui avec la création d’une collection capsule pour Chanel.
L’annonce avait été préparée dans les règles de l’art. D’abord à Bangkok en octobre dernier, à l’issue d’un défilé de la marque, où l’artiste apparaissait vêtu d’un sweat-shirt à capuche jaune inconnu des radars. Puis en février, auxOscars, où il s’affichait avec un collier de perles à pendentif double C. Le tout servi par d’astucieux relais Instagram. Fin de l’attente le 5 avril. Depuis cette date, les amateurs aguichés par ce teasingpeuvent se ruer dans l’une des trente boutiques Chanel qui commercialisent les pièces signées Pharrell: t-shirts, baskets, peignoirs courts, bobs et autres sacs banane en veau.
Pour qui sait observer les signes, la collaboration artistique entre ces deux grands noms est tout sauf une surprise. L’histoire entre l’homme aux grands chapeaux et la maison parisienne commence lorsque Karl Lagerfeld, connu pour posséder des dizaines d’iPod pleins à craquer, décide d’attirer l’artiste dans la galaxie Chanel. D’abord en tant qu’égérie, Pharrell apparaissant dans plusieurs campagnes publicitaires et allant jusqu’à défiler lors du show Métiers d’Art à New York. Puis dans le cadre d’une association en 2017 autour d’une paire de sneakers Adidas vendue exclusivement chez Colette.
Une double nouveauté pour Chanel
Cette fois-ci, Chanel va plus loin en lui confiant la direction d’une minicollection. Pour la maison de la rue Cambon, c’est une double nouveauté : première collection conçue avec un créateur extérieur, mais aussi première incursion dans le prêt-à-porter masculin – plus exactement unisexe. C’est sans doute ce qui surprend le plus quand on sait que jusqu’à présent, « l’homme Chanel » était cantonné au parfum et à l’horlogerie. A tel point qu’à son garde du corps, qui lui prédisait une collaboration avec la griffe de luxe quand il le voyait tracer au stylo les lettres CC sur sa paire de baskets, Pharrell répondait : « Mais non, jamais, d’abord, c’est une marque pour femmes ! ».
Doté d’une totale liberté artistique, le chanteur est resté fidèle à ses fantasmes. Sur plusieurs des pièces proposées, il convoque l’esthétique du graffiti, parsemant des étoffes fraîches et colorées des signes distinctifs de la marque, notamment une variation autour du chiffre 5, comme il le faisait du temps oùil customisait lui-même ses vêtements.
Culture urbaine et luxe parisien
L’histoire de cette collaboration illustre la connexion forte qui existe entre les stars issues de la culture street et le luxe parisien. Depuis la naissance du mouvement hip hop, nombre de rappeurs ne cachent pas leur fascination pour les signes extérieurs de richesse, notamment quand ils viennent de France. Le hip hop est devenu mainstream, la fascination est restée. On se souvient du clip tourné au Louvre par Beyoncé et Jay Z, ou encore du passage en concert à la Fondation Louis Vuitton de Kanye West, autre génie pop amateur de belle sape, auteur avec le précédent du quintessentiel Niggas in Paris.
Aucune surprise, donc, à ce que Pharrell ait choisi le château de Fontainebleau pour tourner le clip promotionnel vantant sa collection. Dans ce film de 3 minutes, « mystérieux et urbain », le chanteur apparaît entouré de mannequins sur fonds de violons dans les décors chantournés du château.
Pour Williams, né en Virginie il y a 45 ans, c’est la concrétisation d’un rêve qui vient de loin. En 1994, celui qui débutait avec les Neptunes, écoutait la superstar de l’époque, le rappeur Notorious BIG, faire rimer la marque parisienne avec une voiture coréenne dans son hit One More Chance. « C’était un tube énorme dans notre culture et ses paroles disaient: “You ringing bells with bags by Chanel, Baby Benz traded in your Hyundai Excel.” Il parlait d’élévation et a placé Chanel dans mon radar. J’ai commencé à regarder autour de moi et à voir des femmes au goût raffiné porter ces sacs ».
Vingt-cinq ans plus tard, ces sacs, c’est lui qui les dessine. Un joli coup du destin qui, on l’imagine, doit rendre la star particulièrement Happy.