Les candidats à la reprise de la maison Sonia Rykiel, placée en redressement judiciaire, seront auditionnés lundi au Tribunal de commerce de Paris, pour une décision attendue le 25 juillet, ont indiqué à l’AFP des sources proches du dossier.
De six à sept « offres de reprise françaises comme étrangères devraient être présentées et examinées lundi, dont deux sont plus sérieuses », a-t-on précisé.
La maison parisienne de prêt-à-porter, en difficulté financière depuis la disparition de sa créatrice emblématique en 2016, avait demandé en avril son placement en redressement judiciaire.
En 2018, la griffe de Saint-Germain-des-Prés a enregistré 35 millions d’euros de ventes, pour une perte nette de 30 millions d’euros. Elle emploie actuellement 133 salariés – dont 14 à l’atelier, coeur de la création.
La marque Sonia Rykiel s’appuie sur un réseau en propre de six boutiques et quatre « outlets » (magasins de déstockage) et réalise un peu plus de 50% de ses ventes en France.
« Deux offres de reprise se détachent du lot » d’un point de vue stratégique et financier, même si elles sont « partielles » et ne reprendraient qu’environ 50 salariés. L’une est emmenée par Emmanuel Diemoz, l’ancien dirigeant de Balmain « qui est donc déjà dans le +business+ de la mode », et l’autre est formulée par une « grande famille parisienne » qui n’est pas connue dans ce secteur, selon ces sources.
En 2012, Sonia Rykiel -une des dernières maisons de mode encore indépendantes en France- avait décidé de céder 80% de son capital au fonds d’investissement chinois Fung Brands (devenu depuis First Heritage Brands), holding de la famille Fung de Hong Kong, dirigé par le Français Jean-Marc Loubier.
Ce fonds, qui possède aussi la marque belge de maroquinerie de luxe Delvaux et le chausseur Clergerie, était monté à 100% du capital début 2016. En sept ans, quelque 200 millions d’euros ont été investis dans la marque Sonia Rykiel par ses actionnaires.
Si le tribunal écarte la liquidation judiciaire et donne sa chance à un repreneur, le défi pour les nouveaux propriétaires sera d’arriver à toucher une clientèle plus jeune, de progresser sur les marchés asiatiques et également, d’un point de vue créatif, d’arriver à remettre au goût du jour le « style » Rykiel, mélange de rayures colorées, de pulls moulants et de liberté audacieuse propre à la maison fondée en mai 1968.
En début de semaine, le personnel de la maison avait exprimé son inquiétude pour leur avenir, mettant en avant leur « attachement » à la marque, alors qu’un plan de sauvegarde de l’emploi en 2017 avait déjà entraîné le départ d’une centaine de personnes.