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Peintures sur émail, gravure sur or, lunetterie… Leur art est aujourd’hui plébiscité par l’ensemble des créateurs.
Ils sont au cœur de l’industrie du luxe depuis toujours. Si les grandes maisons françaises continuent de séduire une clientèle exigeante et mondialisée, c’est en grande partie parce qu’elles ont su mettre en avant des savoir-faire d’exception. « Dès son origine, le luxe s’adresse à une clientèle internationale. Artisans et artistes réalisent des commandes pour toutes les cours royales, aristocraties et hautes bourgeoisies d’Europe puis d’Amérique », rappelle Emmanuelle Sidem dans une chronique récente.
Une tradition qui se perpétue aujourd’hui, avec le succès que l’on sait : selon les chiffres cités par Emmanuelle Sidem, le luxe français s’exporte vers 180 pays, ce à quoi il convient d’ajouter les ventes en France aux clients étrangers, qui représentent la moitié du chiffre d’affaires réalisé en France.
Ainsi, afin de rendre hommage à ces artisans d’excellence, Chanel a décidé d’ouvrir un lieu consacré à ses Métiers d’art. Conçu par l’architecte Rudy Ricciotti, le bâtiment de 25 000 m2 devra ouvrir ses portes en 2020. Situé au nord de Paris, il accueillera des ateliers de création et de production ainsi que de vastes jardins. « La philosophie de ce projet destiné aux Métiers d’art de Chanel est fondée sur une narration, celle de la relation entre la complexité technique et savante des métiers de la mode, leur remarquable virtuosité au service de la création et de la beauté, et le caractère technologique extrême de mes réalisations. C’est un éloge réciproque de la complexité – celle du bâtiment atteindra un niveau inégalé – et de la relation aux savoirs », explique l’architecte, pionnier et ambassadeur du béton.
Innovation et tradition
Mais la célèbre maison de couture n’est pas la seule à mettre ses artisans à l’honneur. Avec son Craft Prize, initié en 2016, la Fondation Loewe souhaite « reconnaître les artisans au talent unique dont la vision artistique et la volonté d’innover établissent de nouvelles normes pour l’avenir de l’artisanat ».
Cette année, c’est le laqueur japonais Genta Ishizuka qui a remporté le Loewe Craft Prize. Après un processus d’un mois, qui a vu plus de 2 500 propositions d’artisans du monde entier, le jury a estimé que le travail du Japonais « prouve que l’artisanat peut être ouvert et montre la liberté de la création. Son utilisation d’une ancienne technique de laque sous une forme contemporaine brise les conventions et représente une nouvelle vision sculpturale de l’artisanat ».
Mais comment expliquer l’importance des savoir-faire traditionnels dans une industrie connue pour sa créativité, son avant-gardisme, son innovation et son audace ? « On vit dans une culture tellement tournée vers la consommation et tout va si vite que c’est une échappatoire de prendre le temps de se recentrer sur des choses durables », explique Jonathan Anderson, directeur artistique de Loewe. Et d’ajouter : « On doit se reconnecter avec les gens, même si on évolue dans un monde ultraconnecté ».
Les grands noms du luxe le savent : les métiers manuels sont indispensables au bon fonctionnement de leur chaîne d’approvisionnement et contribuent à faire rayonner leur image dans le monde. En témoignent les salons ouverts au public, les défilés et autres grands événements réalisés de plus en plus régulièrement. Derrière tout produit de luxe, il y a un artisan rendant le produit unique et faisant vivre des traditions séculaires garantes d’excellence.