Les denteliers Desseilles et Noyon, fleurons de l’industrie de la dentelle à Calais, ont été partiellement repris par Pascal Cochez, dirigeant du Groupe Cochez, à l’issue d’une audience lundi au tribunal de commerce de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais).
Les deux sociétés avaient été placées en redressement judiciaire, respectivement en juin et en mars. Darquer, la nouvelle entité portée par M. Cochez, du nom d’une marque historique du groupe Noyon, reprendra 78 des 103 salariés du groupe Noyon mais seulement 15 des 68 salariés du groupe Desseilles.
« Vu la crise de la dentelle et la nécessité absolue de baisser les coûts de production, la seule solution pour sauver la filière était de concentrer les deux derniers denteliers majeurs sur un seul site », a précisé à l’AFP M. Cochez pour justifier le choix de maintenir une activité uniquement sur le site de production de Noyon, à Calais, et la différence d’emplois repris entre les deux sociétés.
L’industriel s’est engagé à investir 1,4 millions d’euros dans ce projet, tandis que la région apportera 600.000 euros d' »avance remboursable », soit un budget total de 2 millions d’euros.
« Le levier principal, c’est de capitaliser sur le +Fabriqué en France+ et de monter en gamme », a affirmé M. Cochez. « Le but, en repartant un peu plus petit, est de pouvoir augmenter la proportion de production haut de gamme et luxe ».
Les salariés de Desseilles, eux, ont dénoncé la manière avec laquelle les projets de reprise ont été montés.
« Il n’y a plus de direction chez Desseilles, c’est bien pour ça qu’on s’est fait démolir », a déploré Renato Fragoli, délégué CFTC chez Desseilles, où il travaille depuis 25 ans.
« Si on avait été conviés, au moins les délégués syndicaux et les représentants des salariés, on aurait pu défendre nos intérêts, apporter des éléments. Nous avions demandé à participer aux réunions en sous-préfecture, on nous a toujours refusé l’accès. La société Desseilles, elle est torpillée », ajoute-t-il.
Parmi les 15 salariés de Desseilles qui doivent intégrer Darquer, « personne ne veut aller » dans la nouvelle structure, a précisé Marc Bohler, responsable qualité chez Desseilles, qui rappelle que les deux entreprises partiellement reprises ont « toujours » été concurrentes.
Reconnu pour son savoir-faire, le groupe Desseilles avait déjà fait l’objet en mars 2016 d’une reprise par le groupe chinois Yongsheng, qui avait alors rebaptisé l’entreprise My Desseilles, et promis de maintenir l’activité pour cinq ans au moins à Calais.
« Il y a de la colère », affirme M. Bolher. « Yongsheng nous a sacrifiés en déposant le bilan en mai, d’une façon très brutale. Si on avait préparé les choses correctement, on aurait pu livrer encore les clients, on aurait eu un carnet de commande encore relativement bien rempli », avance-t-il, soulignant que la société n’a « pratiquement aucune dette ».
Le groupe Noyon, lui, vient de traverser un plan social, et connaissait des difficultés chroniques. Il comptait encore 168 salariés en mai, et 440 fin 2008.