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Après quatre mois de fermeture pour extension, le MoMA, le temple new-yorkais de l’art moderne, rouvrira ses portes le 21 octobre. Quelques journalistes privilégiés ont eu la primeur de ce qui attend les futurs visiteurs.
Plus d’espace, plus de transparence, une plus grande ouverture sur la ville, un nouvel accrochage : si on cherchait une raison de visiter New York cet hiver, le revamping du plus célèbre musée d’art moderne et contemporain au monde devrait largement suffire.
Voilà cinq ans que les responsables du MoMA ont confié aux architectes Diller Scofidio + Renfro ainsi qu’avec le cabinet Gensler la responsabilité d’offrir un lifting à cette institution qui s’apprête à fêter ses 90 ans. Le résultat est « éblouissant » aux yeux d’une commissaire d’exposition croisée sur place par la reporter du Point. « Tout a changé, rien n’a changé » résume pour sa part le Figaro en empruntant au Prince Salina, qui s’y connaissait en révolutions feutrées.
Un peu plus critiques, les régionaux du New York Times évoquent un résultat « smart, chirurgical, tentaculaire, et légèrement sans âme », dans un article à lire pour ses photos et ses cartes montrant l’évolution des lieux depuis l’origine.
Rendre justice aux oubliés
Principale nouveauté de cette métamorphose : l’ajout d’un « west building » constitué par les six premiers étages de la tour conçue par Jean Nouvel. Pour un musée dont le fonds est constitué de 200 000 oeuvres (pour 2 500 exposées), l’enjeu était clair : gagner en espace. L’extension horizontale vers l’ouest a permis d’accroitre de 30% la surface d’exposition.
C’est la quatrième fois depuis sa création en 1929 que le MoMA fermait ses portes pour travaux. La dernière, c’était en 2004, le temps pour l’architecte Yoshio Taniguchi de concevoir une machine à remonter le temps, depuis le plus contemporain, au rez-de-chaussée, jusqu’aux prémices du modernisme, visibles aux étages supérieurs. Un parti-pris antéchronologique que ne remet pas en cause le nouvel accrochage.
Celui-ci, en revanche, propose une relecture de l’histoire de l’art moderne qui rétablit dans leurs droits certains oubliés. Plus de femmes, plus d’afro-américains et d’artistes issus de pays émergents. Illustration de ce réagencement qui, pour ses initiateurs, va bien au-delà des concessions au politiquement correct : « sortie de la catégorie exotique, note Le Figaro, la muse du mexicanisme Frida Kahlo est avec Joan Miro et les autres surréalistes » dans la même salle.
« Le temps est révolu, semble presque regretter le critique du NYT, d’un musée qui racontait une seule histoire de l’art moderne comme une suite de ismes exprimée sur un mode linéaire. » C’est pour mieux concéder qu’il ne peut exister une telle histoire, bien que l’idée soit aussi « séduisante qu’un conte de Borges ».
Une volonté d’ouverture du MoMA
Le MoMA a toujours été marqué par un souci d’ouverture et de transmission. Cette volonté de démocratisation se traduit par une attention accrue à la simplicité des explications accompagnant les oeuvres. « À bas le pédantisme et le jargon d’experts ! résume Le Point. Les cartels excluent désormais tout terme savant ou technique. » Récusant le terme de vulgarisation, Glenn Lowry, le directeur des lieux, explique avoir voulu « les rédiger sur le modèle d’une conversation que nous aurions pu avoir avec des amis étrangers au monde de l’art ».
L’interdisciplinarité revendiquée par le musée prend des formes encore plus hybrides que par le passé : des toiles de Braque et de Picasso cohabitent dans la même salle avec une séquence de métro new-yorkais tournée en 1905 comme pour mieux interroger l’impact du cinéma sur la naissance du cubisme.