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S’extasier devant une robe de 1950 comme on admirerait un Picasso dans un musée ? C’est désormais possible avec la multiplication des expositions consacrées à la mode.
La Philharmonie a fait le plein avec des expositions consacrées à David Bowie ou à la musique reggae. Le Seigneur des Anneaux s’invite en ce moment à la BNF. La Cinémathèque consacre des expositions thématiques à des films ou à des genres – actuellement les vampires. On contemple de plus en plus de manuscrits d’écrivains, comme à l’exposition Giono, mis à l’honneur par le Mucem. Musique, cinéma, littérature : tout se vit désormais sur le mode de l’exposition, de la rétrospective. La création vestimentaire ne pouvait pas être épargnée par cette frénésie du musée.
Voyage au pays des conservateurs textiles
Un passionnant reportage du Monde consacré à ce phénomène nous fait découvrir le métier méconnu de conservateur textile. « Il y a trente ans, explique Sophie Grossiord, conservateur général de la mode féminine et enfantine de la première moitié du XXe siècle au Musée de la mode à Paris, les conservateurs textiles étaient vus comme s’occupant de chiffons. Aujourd’hui, c’est une discipline scientifique à part entière où il reste tant de sujets à explorer encore ! ».
Avec elle, on pénètre dans les coulisses du musée, où sont entreposés plus de 250 000 vêtements de valeur historique « à une adresse tenue secrète pour éviter les cambriolages ». Là-bas, des passionnés bichonnent les pièces dont ils ont la charge. Opération qui peut sembler fastidieuse mais que beaucoup jugent la plus intéressante parce qu’elle permet de tomber sur des pépites : le récolement qui « consiste à vérifier que le contenu du fonds du musée soit bien conforme à l’inventaire ».
Ces collectionneurs d’un genre particulier veillent sur leurs trésors avec le soin qui convient à des objets fragiles, rechignant parfois à les laisser sortir de leur housse, leur offrant toujours le repos nécessaire après une exposition : « idéalement, pour limiter la détérioration, il faut en moyenne compter trois ans de repos pour trois mois d’exposition ».
Et puis il y a l’acquisition de nouvelle pièces, qui nécessite d’entretenir son réseau de donateurs et de garder un oeil sur les salles des ventes. C’est comme ça que la collection du Musée des arts décoratifs s’est récemment enrichie d’un collet en cuir remontant entre 1590 et 1610 qui en fait l’une de ses pièces les plus anciennes.
La mode au musée : un agenda riche en événements
Outre la préservation et l’élargissement constant de ce patrimoine, faire découvrir ces oeuvres par l’intermédiaire d’articles et d’expositions est l’autre grande mission assignée aux conservateurs textiles.
Dans les réserves du Musée de la mode, le reporter n’a pas manqué de repérer, sur un portant, quelques étoffes caractéristiques « destinées à (une) prochaine exposition sur Gabrielle Chanel qui se tiendra au printemps ». Fera-t-elle mieux que celle consacrée à Christian Dior au Musée des arts décoratifs, qui a réuni plus de 700 000 visiteurs en 2017 ?
D’ici là, l’automne parisien offre suffisamment d’occasions aux amateurs de voyages à travers l’histoire de la mode pour assouvir leur passion. Parmi les 6 expositions à ne pas manquer, Vogue distingue celle consacrée au dos dans la mode, qui se tient au Palais Bourdelle jusqu’à mi-novembre, ainsi qu’une histoire de la chaussure aux Arts décoratifs. Incontournable également, la mythique collection de robes Mondrian de l’automne-hiver 1965, visible au Musée Yves-Saint-Laurent.
Marie-Claire ajoute à cet agenda parisien quelques expositions qui justifient le détour, notamment celle consacrée à Man Ray et à la mode qui se tient à Marseille jusqu’en mars prochain ou encore Diversity on the catwalk, sur une question qui agite beaucoup le milieu de la mode en ce moment, au Musée National d’Ecosse à Edimbourg.