Les autorités taïwanaises ont suspendu les ventes de trois modèles de smartphones Huawei qui présentaient dans leurs réglages l’île comme étant « Taïwan, Chine », une désignation que rejette ce territoire démocratique qui se construit depuis 70 ans dans l’opposition à la Chine communiste.
A partir de ce jeudi, les ventes des modèles P30, P30 pro et Nova 5T sont interdites, en attendant que le fabricant chinois modifie cette désignation utilisée dans les « paramètres » des appareils, notamment dans la rubrique de réglage du fuseau horaire, a annoncé la Commission nationale taïwanaise des communications (NCC).
La façon dont Taïwan est décrit est une question politique hautement sensible.
La Chine considère l’île où se sont réfugiés en 1949 les nationalistes du Kuomintang comme une province rebelle qui appartient à son territoire et qui y sera rattaché un jour, si nécessaire par la force. Et ce même si les deux rives du Détroit évoluent de façon séparée depuis 70 ans.
« La désignation utilisée par ces téléphones ne reflète pas la réalité mais est une atteinte à la dignité de notre pays », a expliqué dans un communiqué la NCC, en précisant que la commission avait pris « des mesures strictes pour maintenir la dignité nationale ».
Elle a menacé d’interdire de façon permanente la vente des appareils si Huawei refuse de modifier sa formulation.
La société taïwanaise Xunwei Technologies, qui distribue les smartphones, a dit être en contact avec Huawei sur le sujet.
Pékin a durci sa politique depuis l’élection en 2016 de la présidente Tsai Ing-wen, issue d’un parti qui refuse de reconnaître que l’île fasse partie d’une seule Chine.
Et les pressions s’intensifient à l’approche de l’élection de janvier durant laquelle Mme Tsaï affrontera un adversaire beaucoup moins intransigeant sur la question des relations avec Pékin.
Numéro deux mondial des smartphones, derrière le Sud-Coréen Samsung, Huawei a déjà par le passé été étrillé sur cette question, mais en Chine continentale et pour la raison inverse.
Des internautes avaient ainsi reproché en août au groupe de Shenzhen (sud de la Chine) la façon dont Taïwan et Hong Kong étaient présentés lorsque l’utilisateur d’un téléphone de sa série P sélectionnait la zone horaire dans laquelle il se trouvait.
Les habitants de Taïpei devaient ainsi cliquer sur le terme « Taipei, Taïwan » dans le menu déroulant — une hérésie aux yeux des partisans du Parti communiste chinois (PCC).
En octobre, le géant français du luxe Dior s’était excusé après l’utilisation par une employée d’une carte de Chine omettant Taïwan — un impair diplomatique qui avait aussi été dénoncé sur les réseaux sociaux chinois.
Les marques étrangères peuvent difficilement s’aliéner la clientèle chinoise, qui représentait l’an dernier 32% des achats mondiaux de produits de luxe, selon le cabinet Boston Consulting Group.
Versace, Coach ou encore Givenchy ont aussi dû présenter des excuses pour avoir vendu des T-shirts laissant entendre que Taïwan ne faisait pas partie de la Chine.
aw/jac/lch
SAMSUNG ELECTRONICS
LVMH – MOET HENNESSY LOUIS VUITTON
NCC AB
COACH