|
|
Luxe : bilan 2019 (2/2)
Suite de notre rétrospective de l’année écoulée en 12 mots et expressions clés.
Noir et blanc
Comme le style associé au photographe Peter Lindbergh, disparu en septembre à l’âge de 74 ans, à qui on doit certains des clichés les plus iconiques des années 90. Né en Allemagne, Parisien de coeur et inlassable voyageur, il aura porté sur la mode l’oeil d’un artiste marqué par le minimalisme, l’expressionnisme, voire une certaine rugosité. A rebours du clinquant des années 80, il restera célèbre pour avoir capturé les futures super tops Kate Moss, Christy Turlington, Cindy Crawford et autres Naomi Campbell dans la spontanéité et le naturel de leurs débuts.
Patrimoine
Rien d’étonnant à ce que le luxe, vecteur d’unicité, de beauté et de prestige, colonise les galeries des musées. Aujourd’hui, les grandes pièces du passé sont collectées, entretenues et présentées à un public avide de contempler les formes et les textures d’antan. En 2019, le succès des expositions consacrées à la mode ne s’est pas démenti. Entre l’hommage rendu à Pierre Cardin à New York, la fameuse collection Mondrian exposée au Musée Yves Saint Laurent, la vitalité du Musée de la mode à Paris, fort de son stock de 250 000 vêtements, les amateurs ont été gâtés. En attendant la grande exposition Chanel programmée à Paris au printemps prochain.
Revamping
A New York, l’année aura été marquée par la réouverture d’un lieu associé à l’âme pionnière de la ville : le MoMA. Un MoMA plus spacieux, ouvert sur la ville, où l’accrochage a été repensé pour donner davantage de place à des courants négligés. L’an passé, c’est un autre lieu mythique, l’hôtel Lutetia, qui rouvrait ses portes à Paris, occasion pour les Carnets de retracer son histoire. Quant à l’Orient Express, autre « lieu » itinérant empreint de glamour et de mystère, il continue d’attiser les fantasmes en attendant une réouverture espérée par les amateurs d’expériences uniques. Perpétués, réinventés, revisités : les grands mythes sont éternels.
Rihanna
Une bâtisseuse d’empire. C’est comme ça qu’on devra désormais qualifier celle qui s’était déjà taillé un succès considérable dans la chanson. En 2015, la Barbadienne participait à une campagne de Dior en tant qu’égérie. Un simple round d’observation. En 2017, elle lançait sa marque de cosmétiques Fenty Beauty. Consécration cette année avec le lancement de Fenty, marque à part entière du groupe LVMH et, côté lingerie, Savage x Fenty. Pour les partenaires qui l’accompagnent dans ces aventures au pays de la mode, c’est tout bénéfice en termes de rajeunissement des cibles et d’apprentissage de nouvelles formes de consommation plus connectées, liées à la force d’attraction de trendsetters qui sont des stars avant d’être des égéries.
Suspicion
En proie ces derniers mois à des soubresauts d’une rare violence, la France continue d’entretenir un rapport contrarié au luxe et à ceux qui l’incarnent. Deux événements sont venus étayer ce constat. D’abord les scènes de pillages et de destructions auxquelles on aura assisté plusieurs samedis de suite dans le sillage des gilets jaunes. Hasard lié au choix de manifester sur les Champs Elysées ou volonté délibérée de s’en prendre à un symbole d’inégalité, le luxe aura servi d’exutoire à une certaine colère française. Autre illustration après l’incendie de Notre-Dame, quand les grands mécènes François-Henri Pinault et Bernard Arnault ont annoncé vouloir contribuer à la reconstruction de la cathédrale à hauteur de centaines de milliers d’euros. Une initiative diversement appréciée qui n’a pas manqué de relancer la controverse sur les riches et leur supposé opportunisme fiscal.
Tiffany
Quand le célèbre marchand de bijoux new-yorkais tombe dans l’escarcelle de LVMH, c’est un peu du glamour américain qui se marie à l’art français du luxe. C’est un coup audacieux qu’a réalisé Bernard Arnault en rachetant pour 16 milliards de dollars la boutique de la Cinquième avenue dont le nom restera éternellement associé à la silhouette d’Audrey Hepburn dans le film de Blake Edwards (voir par ailleurs notre récit de l’amitié entre l’actrice et le couturier Hubert de Givenchy). Fort de son savoir-faire pour révéler le potentiel des maisons mythiques (cf. Bulgari), le groupe français débarque à New York avec un plan de relance destiné à « faire briller cette marque emblématique » dixit Bernard Arnault.