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Demain, jeudi 24 septembre, le Lutetia rouvrira enfin ses portes. Une réouverture qui intervient un mois après les premières réouvertures de palaces parisiens. Dans la capitale, l’hôtellerie de luxe a particulièrement souffert de la crise sanitaire. Et si le reste de l’hôtellerie constate une reprise, les palaces restent globalement vides.
Les mois de fermeture ont été longs, et la réouverture des palaces parisiens devrait être un soulagement. Le moment n’est pourtant pas à la joie, plutôt à l’inquiétude. Dans la capitale, la situation est désastreuse pour les hôtels cinq étoiles. Tous tributaires de leur clientèle étrangère, ils tournent en ce moment à vide ou presque.
Demain, le Lutetia rouvrira enfin ses portes. La direction a décalé la réouverture pour voir comment la situation sanitaire évoluait. Le 24 août dernier, le Crillon et le Ritz, deux palaces emblématiques, ont été les premiers hôtels cinq étoiles de Paris à rouvrir leurs portes. Une réouverture au goût amer puisque la clientèle n’est pas encore revenue. Et les réservations pour les prochaines semaines ne laissent pas présager d’un retour à la normale avant le début d’année 2021.
Les palaces parisiens à la traîne : 1 établissement sur 3 est ouvert
En cette fin septembre, dont la météo est pourtant clémente et propice au tourisme, les palaces parisiens encaissent un fort recul de fréquentation. Et leur situation est d’autant plus frappante que la reprise de fréquentation a lieu sur le reste du territoire français. D’après une récente étude menée par le cabinet MKG Consulting, moins de 20% des hôtels cinq étoiles ont rouvert leurs portes à Paris. C’est nettement moins que dans le reste du pays. La moyenne nationale atteint tout de même 68%. Cette statistique est nettement plus élevée grâce aux zones géographiques qui attirent traditionnellement les touristes pour la fin de la période estivale. Ainsi, sur le littoral, le taux de réouverture constaté est de 100%.
Pourquoi un tel décalage ? Les palaces de province et du littoral bénéficient d’une clientèle domestique plus importante. Ils comptent principalement des clients français et européens. A Paris, les palaces sont largement plus dépendants des clients étrangers. L’étude MKG Consulting souligne que 75% des clients des palaces parisiens viennent des Etats-Unis, du Japon, de Chine, du Moyen-Orient et de Russie. Cette clientèle est désormais limitée dans ses déplacements, et les palaces ne peuvent pas compter sur elle.
25% de taux de remplissage moyenne
Les palaces ont consenti d’importants efforts pour répondre aux nouvelles exigences sanitaires. Pourtant la baisse de fréquentation dans les hôtels de luxe parisien est vertigineuse. L’étude MKG Consulting estime que les palaces qui ont réouvert tournent en moyenne avec 25% de réservation. Avec un taux de remplissage aussi bas, les paquebots de l’hôtellerie de luxe perdent de l’argent. Car ces établissements ont besoin d’une importante masse salariale pour assurer les multiples services qu’ils proposent habituellement à leur clientèle. A titre d’exemple, le Park Hyatt Paris-Vendôme compte 300 salariés. C’est deux fois plus que son nombre de chambres (156).
François Delahaye, qui dirige les opérations de la Dorchester Collection (le Plaza Athénée et le Meurice), a eu l’occasion d’aborder les problématiques actuelles lors d’un entretien sur BFM. Il estime que la réouverture est un effort nécessaire, et sa réussite repose sur la capacité des palaces à innover pour faire revenir des clients. Il précise : « Je pense que nous avons une responsabilité sociétale. D’abord vis-à vis de nos employés, également vis-à-vis de nos fournisseurs. Je pense que nos restaurants peuvent réouvrir. Je pense que des clients parisiens doivent et peuvent revenir. »
Effectivement, pour plusieurs palaces parisiens, les restaurants sont désormais un atout pour séduire la clientèle locale. En pariant sur cette activité de bouche, les palaces espèrent limiter leurs pertes. Ainsi Pur, le restaurant étoilé du Park Hyatt, a rouvert le 16 septembre dernier. Il propose désormais une formule ludique à ses clients. Ces derniers peuvent créer leur menu personnalisé en le composant de trois, six ou huit plats imaginés par le chef Jean-François Rouquette.