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Le 8 juin dernier, le gouvernement français a confié une mission de réflexion au Comité Stratégique de Filière (CSF) Mode et Luxe. Son but ? Définir les leviers de relance pour la mode française. Guillaume de Seynes, qui préside le CSF, vient de remettre, le 18 janvier dernier, son rapport au gouvernement. Ses préconisations s’articulent autour de deux axes majeurs : relocaliser la production en France, et investir toujours plus dans le développement durable.
En juin dernier, Brune Poirson, la secrétaire d’état au ministère de la transition écologique, et Agnès Pannier-Runacher, la secrétaire d’état à l’économie et aux finances, ont mandaté le CSF Mode et Luxe pour une mission précise. Elles ont demandé à Guillaume de Seynes et à ses collaborateurs de dresser un état des lieux du textile et de la mode française. Le CSF devait également lister des préconisations pour favoriser la relance d’activité des entreprises tricolores. C’est chose faite avec le rapport remis par Guillaume de Seynes le 18 janvier dernier.
Relancer la mode française : le CSF préconise le « savoir-faire ensemble »
« La crise sanitaire et économique qui frappe les filières industrielles de notre pays a révélé certains dysfonctionnements et limites de notre modèle économique linéaire et une forte dépendance aux importations en matière d’approvisionnement. » Comme l’exprime bien le communiqué du ministère des finances, le modèle économique de l’industrie française, et en particulier de la mode, doit désormais s’adapter. Et le CSF Mode et Luxe a des idées bien précises en la matière.
Dans son rapport, le CSF évoque la nécessaire refonte du modèle économique pour embrasser l’idée du « savoir-faire ensemble », déjà mis en œuvre pendant la crise sanitaire. Le but de cette refonte est de structurer un écosystème encore plus durable et local. La secrétaire d’état Agnès Pannier-Runacher a salué cette idée. D’après elle, le rapport du CSF « propose de renforcer la valeur ajoutée du fabriqué en France et de moderniser l’appareil productif pour gagner en compétitivité. » Oui, mais avec quels leviers ?
Relocaliser la production de textile français…
D’après le rapport du CSF Mode et Luxe, le premier enjeu est de relocaliser une partie des productions du secteur sur le territoire. Le CSF souhaite une montée en puissance du « Made in France ». Il préconise de doubler, à terme, la production de textiles, de chaussures et de linge de maison en France. Le but affiché : que les produits fabriqués en France dans ces secteurs représentent 25% des produits consommés dans l’Hexagone.
Comme le pointe le CSF, cette relocalisation ne sera pas sans impact sur le prix des produits. Or « le prix reste le premier facteur d’arbitrage, et le premier frein à la relocalisation d’activités ». Pour franchir l’obstacle, le CSF préconise de mieux informer les entreprises en expliquant la différence des coûts de fabrication en France et à l’étranger.
En parallèle, le gouvernement doit travailler à réduire cet écart de coûts. Car une fabrication en France peut représenter une opportunité pour les entreprises. D’après le CSF, une fabrication d’articles made in France permet plus d’agilité dans la gestion des flux articles. Un fabricant peut produire plus facilement à la demande, en quantités restreintes, mais avec une possibilité de réassort plus rapide à mettre en œuvre. Cette logique devrait limiter la quantité d’articles invendus puis soldés. Une gymnastique de stock évite les surcoûts liés aux invendus. Et le CSF estime que cette astuce pourrait « ramener le surcoût du made in France à un niveau plus acceptable pour le consommateur final ».
… et soutenir la mode durable
L’autre levier de relance indiqué par le CSF concerne la mode durable. Le Comité recommande au gouvernement de promouvoir un modèle qui valorise le développement durable, la durabilité des articles et la RSE des entreprises.
Pour accélérer sur la transition écologique, la filière doit notamment renforcer la collaboration au fil de la chaîne de production. Le rapport estime que seul un partenariat à long terme entre les entreprises qui commandent et les fabricants peut permettre de tenir les engagements d’une mode durable.
Dans cette logique, l’état a un rôle moteur à jouer. Il doit favoriser les programmes d’investissements, notamment dans le cadre du plan France Relance. Il doit aussi assumer un rôle d’exemple à travers les commandes publiques. Et enfin, il doit soutenir les démarches innovantes, en particulier pour la production de matières naturelles locales ou recyclées localement.