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Gérald Genta et Madeleine Vionnet ont tous deux comptés parmi les créateurs les plus inspirants de leurs générations. Mais après eux, leurs marques éponymes ont eu du mal à survivre. En cause ? L’essoufflement de la créativité, de l’innovation, et une stratégie marketing pas toujours bien alignée avec les exigences du marché du luxe. Pour autant, ces maisons du luxe français ne sont pas vouées à la disparition. En 2023, elles signent toutes les deux leur grand retour sur le devant de la scène.
Gérald Genta : retour en grâce d’une grande maison horlogère
La maison horlogère Gérald Genta, propriété de Bulgari, s’apprête à vivre une véritable renaissance. En effet, le groupe LVMH, propriétaire de Bulgari, a décidé d’investir dans la marque. Et Gérald Genta fait désormais officiellement partie du département de haute horlogerie du groupe de luxe, « La Fabrique du Temps ».
Concrètement, LVMH s’engage donc à relancer la marque Gérald Genta sur le marché du luxe. Jean Arnault, qui dirige La Fabrique du Temps, a annoncé lui-même l’heureuse nouvelle sur les réseaux sociaux. Et il n’a pas manqué de souligner l’exigence de savoir-faire qui serait au coeur de ce retour tant attendu par les amateurs de montres d’exception.
Madeleine Vionnet : renaissance d’un grand nom de la haute couture
En son temps, Madeleine Vionnet a été une des plus grandes créatrices de mode à Paris. A tel point qu’elle fut une des rares femmes à fonder sa propre maison, à l’instar de madame Grès, Jeanne Lanvin ou encore Gabrielle Chanel.
Depuis 2018 et sa liquidation judiciaire, la maison Vionnet n’a plus fait parler d’elle. Mais elle a suscité l’intérêt des investisseurs. En effet, la marque vient tout juste d’être rachetée par un nouveau groupe : ChimHaeres Investment Holding, une co-entreprise qui regroupe Chimera (une entreprise d’Abu Dhabi) et Haeres Capital (société d’investissement suisse). Ce tout nouveau groupe de luxe entend se développer sur deux segments : les nouvelles marques orientées vers les jeunes générations, et des marques patrimoniales dites « legacy », aux noms déjà connus.
A l’heure actuelle, ChimHaeres n’a communiqué sur aucune date pour une future collection Madeline Vionnet. Et le nom d’aucun designer n’a encore circulé.
Pourquoi les marques de luxe oubliées sont un bon investissement ?
A l’heure où le secteur du prêt-à-porter connaît déjà une crise avec des fermetures et faillites d’enseignes, ces investissements sont-ils judicieux ? Faut-il vraiment faire renaître les marques de luxe oubliées ? Absolument : il s’agit même d’une stratégie qui a déjà fait ses preuves.
La polarisation dans l’économie du luxe tend à devenir plus marquée depuis la crise de 2020. Les principaux groupes de luxe n’ont pas hésité à poursuivre leurs investissements pour consolider leur présence sur des marchés clés. Ce fut notamment le cas avec LVMH, qui a racheté Tiffany & Co. pour asseoir sa position de leader en joaillerie de luxe.
Les « belles endormies », surnom affectueux donné aux vieilles marques de luxe un peu oubliées de la génération Z, ont un fort potentiel. Même si elles n’ont plus de points de vente ou de collections, leur nom résonne et suscite l’intérêt. Souvent, elles ont déjà une réputation établie auprès de la clientèle premium. C’est notamment le cas de Madeleine Vionnet et de Gérald Genta. De plus, leur histoire parle d’elle-même. Or, les groupes de luxe n’hésitent pas à jouer la carte de l’histoire d’une marque pour attiser sa désirabilité auprès des consommateurs.
Les revivals de marques de luxe se multiplient
Depuis quelques années, la tendance à faire renaître des marques oubliées qu’on croyait à l’abandon gagne du terrain dans le luxe. Fin 2022, c’est la maison de parfumerie parisienne Bienaimé qui a rouvert. Plus tôt dans l’année, le groupe LVMH a annoncé son intention de relancer la manufacture horlogère Daniel Roth pour en faire une marque indépendante.
Et la tendance touche tous les domaines du luxe, y compris l’automobile. En effet, en Espagne c’est la marque Hispano-Suiza qui a relancé son activité. Et la marque de voitures ultra-luxe compte bien vivre avec les codes de son temps. Elle vient tout juste de présenter, en février dernier, son premier modèle électrique.