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Au cœur du XIXème arrondissement de Paris, Les Carnets du Luxe ont eu le privilège de rencontrer Juliette Angeletti, la créatrice visionnaire derrière la maison de maroquinerie Phi 1.618. Accompagnée d’un des derniers maîtres plisseurs français, Karen Grigorian, elle nous a ouvert les portes de la Maison du Pli pour une immersion exclusive dans son processus créatif. Un monde où l’artisanat d’exception et l’innovation se rencontrent pour donner naissance à des pièces de maroquinerie uniques.
Aïssata
Haïdara
Au sein du milieu de l’artisanat et de la mode, il n’est pas si fréquent de trouver des personnalités qui, au-delà du discours, parviennent réellement à combiner la créativité artistique avec des valeurs d’éco-responsabilité. C’est le cas de Juliette Angeletti, passionnée française qui a opéré une reconversion professionnelle radicale. Ayant travaillé dans les médias pendant 25 ans, elle a décidé de poursuivre sa passion pour la création en se lançant dans un CAP artisan métier d’art maroquinier. Depuis, elle a réussi à développer une marque de maroquinerie, Phi 1.618, en se basant sur des principes esthétiques inspirés du nombre d’or, tout en restant fidèle à des valeurs durables.
@Aïssata Haïdara
Le cheminement professionnel de Juliette Angeletti est aussi atypique que captivant. Juriste internationale de formation, elle n’a que peu exercé dans ce domaine. Pendant ses 25 ans de carrière dans les médias, en presse et en digital, elle a toujours nourri sa passion pour la création artistique en parallèle. Que ce soit par la confection de vêtements, de dessins à l’encre ou de maroquinerie, elle n’a jamais cessé de créer. C’est cette passion qui l’a amenée à suivre des cours et à passer un CAP maroquinerie en candidat libre. Le lancement de sa marque a coïncidé avec le début de la pandémie de COVID-19. Malgré ce contexte difficile, la société célèbrera bientôt son quatrième anniversaire.
Nombre d’or
L’éco-responsabilité, nous l’avons dit, est au cœur des préoccupations de Juliette Angeletti. Elle conçoit des modèles intemporels, loin des tendances éphémères de la fast fashion, et souhaite que ses sacs puissent être portés pendant des années, voire transmis de génération en génération. Inspirée par le principe du nombre d’or, proportion mathématique présente dans la nature et l’art, devenu sa signature, elle crée des formes organiques, telles des nautiles, coquillages millénaires , ainsi que des formes géométriques, comme le pentagramme inspiré de l’homme de Vitruve par Léonard da Vinci. Ces designs harmonieux et équilibrés captent immédiatement l’attention et suscitent l’intérêt des connaisseurs.
@Aïssata Haïdara
Dans sa démarche, elle met l’accent sur la forme et la qualité du cuir, et accorde une attention particulière aux finitions. Ainsi, elle utilise en majorité du cuir de veau pleine fleur, considéré comme l’un des cuirs de la plus haute qualité disponible aujourd’hui, et privilégie des peaux qui seraient autrement destinées à être brûlées ou enfouies, contribuant ainsi à la réduction des déchets. Actuellement, elle privilégie les cuirs dormants plutôt que les cuirs dits « végan » qui n’ont pas encore la même qualité et durabilité.
Le processus de création est, quant à lui, méticuleux : chaque sac de la maison est fabriqué à la main dans un atelier situé en Touraine. Juliette travaille en étroite collaboration avec des artisans et des maîtres maroquiniers afin d’optimiser les modèles et de garantir une qualité irréprochable. Chaque sac passe par plusieurs itérations, avec des tests et des ajustements basés sur les retours des clients, afin de créer des produits uniques et durables qui répondent aux attentes les plus exigeantes.
@Aïssata Haïdara
Par exemple, pour le sac « PHIORI », l’histoire est fascinante : passionnée d’Asie, la créatrice a collaboré avec un maître origamiste, Junior Fritz Jacquet, pour concevoir un tote bag unique. Le sac, inspiré du nombre d’or, a des plis calculés pour suivre cette proportion esthétiquement agréable. Le défi était ensuite de passer du papier au cuir : grâce aux doigts de magicien de Karen Grigorian, maître plisseur, ce qui n’était à l’origine qu’une idée un peu folle a ainsi progressivement pris forme. Il offre aujourd’hui à ses clientes un design élégant et moderne, souple et pratique pour leurs voyages. Cette collaboration entre deux maîtres artisans professionnels a abouti à la création d’un petit chef-d’œuvre artisanal, modèle phare de la maison.
Juliette Angeletti et Karen Grigorian @Aïssata Haïdara
Les sacs Phi 1.618 sont disponibles à la fois en ligne et dans des boutiques physiques, en France et en Italie, notamment à Milan et à Rome, mais aussi aux Etats-Unis. La marque a réussi à se faire une place sur un marché concurrentiel grâce à la qualité de ses produits et à la relation de confiance tissée au fil des années entre la clientèle et la maison. C’est peut-être là, d’ailleurs, la clé du succès de Phi 1.618 : si Juliette Angeletti crée pour son plaisir, elle le fait aussi et avant tout pour ses clients, toujours à leur écoute et soucieuse de leurs besoins.
Si elle avait un conseil à donner aux jeunes créateurs, ce serait d’oser et de tester leurs idées afin de s’assurer qu’il existe un marché potentiel. La créatrice parisienne sait de quoi elle parle : au début, elle réalisait toutes les étapes seule et ne faisait que du sur-mesure, mais cela ne s’est pas révélé rentable. L’ouverture d’une boutique située rue du Bac a été décisive. Le bouche-à-oreille et le fait d’être passée plusieurs fois à la télévision ont fait le reste.
@Aïssata Haïdara
Patiemment, en alliant passion, éthique et savoir-faire, Juliette Angeletti a réussi à créer une marque de maroquinerie française d’exception. Son parcours atypique, sa créativité sans limite et son engagement éco-responsable font d’elle une figure inspirante dans l’industrie de la mode. Son succès grandissant est la preuve que l’alliance de la qualité, de l’esthétique et de la durabilité peut conquérir le cœur des consommateurs avertis, en quête de produits uniques et respectueux de l’environnement.
Charlie Boutemy
Visite en images de la Maison du Pli (all pics by @Aïssata Haïdara)