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Le groupe Kering, propriétaire de Gucci, a annoncé hier le départ de Marco Bizzarri. Le PDG italien avait mené la maison Gucci dans une stratégie ambitieuse. Et il lui avait permis de s’affirmer comme l’une des maisons de luxe les plus puissantes de la planète mode. Mais Gucci ne s’est jamais vraiment remis de la crise sanitaire. Et Kering a donc décidé d’un nouveau départ pour redynamiser les ventes de sa marque phare.
Marco Bizzarri quitte Gucci
« Je veux remercier Marco pour sa contribution spectaculaire au succès de Gucci et de Kering. » Les mots de François-Henri Pinault, le PDG du groupe de luxe Kering, n’ont rien d’une simple politesse. Et ils soulignent le rôle central joué par Marco Bizzarri à la tête de Gucci. Il a été l’artisan du renouveau de la maison italienne aux côtés du directeur artistique Alessandro Michele. Et à eux deux, ils ont hissé Gucci au rang de marque incontournable dans un environnement économique dominé par les marques françaises.
Membre du comité exécutif de Kering depuis 2012, Marco Bizzarri avait pris la tête de Gucci en 2015. Et jusqu’à 2020, sa stratégie d’expansion a porté ses fruits. Les ventes de Gucci ont rapidement progressé, au point de devenir la première maison du groupe Kering. A son plus haut niveau, Gucci a pesé pour 55% dans les ventes totales du groupe Kering. Et elle a représente pas moins de 75% de son profit opérationnel.
Pourquoi Gucci ne s’est pas remise de la crise ?
Pourtant, la success story de Gucci a commencé à dérailler en 2020. Au moment de la crise sanitaire, la maison italienne a vu ses ventes s’effondrer, et ses résultats avec. Alors que les autres maisons de luxe, notamment tricolores, bénéficiaient d’un formidable rebond économique, Gucci est resté à la traîne. Pire : depuis 2020, la machine n’a pas redémarré. Et encore au dernier trimestre 2022, Gucci a encaissé un recul de ses ventes de 15%. De quoi encourager Kering à prendre des décisions drastiques.
En novembre dernier, ce fut donc le directeur artistique de la maison, Alessandro Michele, qui fut remercié. Son départ surprise a été largement relayé dans la presse spécialisée et sur les réseaux sociaux. Car c’est avant tout son style signature qui avait consolidé la notoriété de Gucci. Pourtant, c’est justement son style flamboyant qui semble avoir été jugé trop clivant. Moins d’un an plus tard, en pleine tendance Quiet Luxury, il semble que le choix stratégique de Kering ait effectivement anticipé la tendance du marché. Mais ce changement de cap sera-t-il suffisant ? La première collection à venir de Sabato de Sarno, le nouveau directeur de Gucci, devra répondre à cette question.
Restructuration globale chez Kering
Pour recoller avec le succès, Kering a donc décidé d’écarter Marco Bizzarri de la direction de Gucci. Il sera remplacé dans ses fonctions par Jean-François Palus, l’actuel directeur général de Kering. Et on sait déjà que Kering veut revoir sa stratégie commerciale globale. Le groupe de luxe français a décidé d’une nouvelle organisation, avec à sa tête un superviseur unique pour toutes les maisons de luxe du groupe.
C’est désormais Francesca Bellettini qui aura cette charge de supervision. L’actuelle PDG de la maison Yves Saint-Laurent entre dans ses nouvelles fonctions auréolée de ses résultats à la tête de la maison parisienne. Sous sa direction, Yves Saint-Laurent a réussi à progresser plus vite que Gucci ces dernières années. En 2021, les ventes de Saint-Laurent avaient ainsi connu une croissance deux fois plus forte que celles de la maison soeur italienne. En l’espace de cinq ans, les ventes de Saint-Laurent ont plus que doublé. Et la marque de luxe parisienne est désormais une véritable « powerhouse » d’une valeur estimée à 3 milliards de dollars. Un succès que Kering espère désormais répliquer sur ses autres maisons, en particulier Gucci.