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Le Centre Pompidou présente l’exposition « La Traversée des Apparences. Quand la mode s’invite au Musée » jusqu’au 22 avril 2024. Le commissariat assuré par Laurence Benaïm, journaliste auteure de nombreux livres sur la mode dont une biographie sur Yves Saint Laurent, relève d’un choix privilégiant le lien puissant, parfois intime, qui unit les créateurs de mode et les artistes.
Une trentaine de grands stylistes, tels Coco Chanel et Christian Dior pour les plus anciens, Marine Serre, Viktor Horsting et Rolf Snoeren pour les plus jeunes, côtoient des artistes modernes ou contemporains de renom. Sont convoqués par exemple, Henri Matisse, Francis Picabia, Marcel Duchamp. Chaque modèle de couture est ainsi mis en correspondance avec une œuvre le long d’un parcours à effectuer de salle en salle.
Laurence Benaïm, par les appariements qu’elle propose, affiche l’évidence des relations entre les deux types de production. Elle aide le spectateur à comprendre en quoi art et mode, bien qu’appartenant à des mondes clairement distincts, sont traversés par des imaginaires formels communs. Ainsi, l’ensemble « Robe à la française » de Charles de Vilmorin ne reprend ni les tonalités, ni les mouvements circulaires du « Manège de cochons » de Robert Delaunay. Cependant, les couleurs vives ressortant sur fond blanc suggèrent une gestuelle de même type que celle rendue sur la surface plane du tableau. De même, la sobriété du tailleur Bar de Christian Dior paraît répondre aux mêmes préoccupations esthétiques que le tableau « White over Black III » du minimaliste américain Ellsworth Kelly.
Dans ce dialogue, les œuvres elles-mêmes prennent une nouvelle tonalité. C’est une partie de leur sens profond qui, selon la qualité des appariements, peut resurgir. Mais au-delà, ce sens étant partagé, il devient témoignage d’une expression ancrée dans une histoire humaine qui dépasse le temps présent et sa norme d’immédiateté. À voir donc, en esthète éclairé.
