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L’association de défense des animaux Peta a interpellé jeudi LVMH sur les conditions d’abattage des crocodiles et des autruches dont la peau est destinée à la maroquinerie, le géant du luxe déplorant en retour d’être « associé à des pratiques qu’il dénonce ».
Peta, qui avait acheté une action LVMH afin de pouvoir accéder à l’assemblée générale annuelle du numéro un mondial du luxe, a posé une question par écrit à la direction du groupe sur l’utilisation des peaux exotiques en maroquinerie.
Dans un communiqué publié en parallèle, l’ONG indique notamment que, selon des documents en sa possession, dans deux fermes d’élevage de crocodiles au Vietnam qui auraient fourni des peaux à une tannerie détenue par LVMH, « les reptiles sont découpés alors qu’ils sont encore vivants ».
Répondant aux questions écrites de plusieurs actionnaires, dont celle de Peta, le directeur juridique de LVMH, Bernard Kuhn, a indiqué que « concernant les crocodiles », « la tannerie à Singapour acquise en 2011 a cessé tout achat de peaux au Vietnam où ont été relevées des pratiques condamnables ».
« Dès avant la fin de l’année 2018, la totalité des fermes d’approvisionnement en peaux seront auditées et certifiées par un organisme indépendant », a-t-il affirmé, ajoutant qu’un « contrôle similaire est appliqué aux achats de peaux d’autruches ».
M. Kuhn a également tenu à « dénoncer l’attitude de Peta qui, malgré les mises en garde qui lui ont été adressées, continue dans ses communiqués et ses vidéos, sans fondement aucun, et dans le mépris de la vérité, à associer l’image du groupe à des pratiques que lui-même condamne ».
« LVMH veille à ce que soit appliqué par les éleveurs et fournisseurs de peaux les meilleurs standards en termes de bien-être animal, et à ce que tout achat fasse l’objet d’une certification et d’un permis d’exporter de la part des autorités compétentes », a résumé le directeur juridique.
« Si chez LVMH, ils sont choqués par la cruauté infligée aux animaux, qu’ils arrêtent de payer des gens pour qu’ils les massacrent pour leurs peaux », a réagi Isabelle Goetz, porte-parole de Peta, auprès de l’AFP rappelant « qu’il existe aujourd’hui de nombreuses alternatives durables, synthétiques ou végétales qui s’intègrent dans le luxe ».
Isabelle Goetz a par ailleurs affirmé que « toutes les enquêtes réalisées par Peta sont vraies ». « Les images sont extrêmement violentes et choquantes mais elles sont vraies! », a-t-elle insisté.
En 2016, Peta était déjà intervenue lors de l’assemblée générale de Hermès, pour l’interpeller sur les conditions d’abattage des autruches.
L’ONG avait déjà publié en 2015 des images tournées dans des élevages de crocodiles et d’alligators fournissant, selon elle, des peaux à Hermès, et dénonçant « des pratiques cruelles au cours de leur abattage ».
« Il faut savoir que pour tuer les crocodiles, quel que soit l’élevage, on leur envoie des électrochocs, on leur taillade la nuque et on leur enfonce une tige métallique dans la colonne vertébrale. Ils sont immobiles mais conscients, c’est une souffrance inhumaine! » juge Isabelle Goetz.
Ces images avaient à l’époque poussé l’actrice Jane Birkin à demander à Hermès que les sacs en crocodile à son nom soient débaptisés, un différend qui avait ensuite été réglé après des assurances apportées par le sellier-maroquinier.
« On va continuer à montrer aux gens que quand ils achètent de la peau exotique, ils soutiennent la violence faite aux animaux », a dit Isabelle Goetz.
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LVMH – MOET HENNESSY LOUIS VUITTON
HERMES INTERNATIONAL