La collection Rockefeller, composée de quelque 1.500 oeuvres d’art réunies par Peggy et David Rockefeller, s’est vendue cette semaine aux enchères pour un total de 832,5 millions de dollars, bien au-dessus du précédent record de 484 millions établi par la collection Yves Saint Laurent et Pierre Bergé en 2009, a annoncé Christie’s vendredi.
Le record de la collection du couturier français et de son compagnon, qualifiée à l’époque de « vente du siècle », était quasiment battu d’avance: l’ensemble des tableaux et objets des Rockefeller avait été estimé dès le départ à plus de 600 millions de dollars.
Après le montant extraordinaire de 450 millions atteint en novembre par le tableau « Salvator Mundi » de Leonard de Vinci, également chez Christie’s, certains avaient espéré que le seuil du milliard de dollars soit franchi avec les Rockefeller. En vain.
La vente, organisée sur dix jours y compris en ligne, n’en a pas moins battu plusieurs records, témoin de la bonne santé d’un marché de l’art mondialisé, au marketing de plus en plus soigné.
Le joyau de la collection a été adjugé mardi pour 115 millions de dollars, soit le sixième tableau le plus cher jamais vendu aux enchères: « La fillette à la corbeille fleurie », datant de la période rose de Pablo Picasso et qui trônait dans la bibliothèque du couple depuis 1968.
Les « Nymphéas en fleurs », peints par Claude Monet à Giverny, a atteint 84,6 millions de dollars, plus haut montant pour le maître impressionniste français, dont le précédent record se situait à 81,4 millions.
Record battu aussi pour Henri Matisse, dont la toile « Odalisque couchée aux magnolias » est partie pour 80,7 millions.
Loin derrière, l’art latino-américain a lui aussi franchi un palier: « Los Rivales » (Les rivaux), un tableau de Diego Rivera, s’est vendu 9,7 millions de dollars, un record pour un artiste latino-américain.
David Rockefeller, petit-fils de John Rockefeller décédé à 101 ans en 2017 soit plus de vingt ans après son épouse Peggy, avait embrassé la tradition de philanthropie familiale, avec un goût pour l’art hérité de sa mère, co-fondatrice du Museum of Modern Art (MoMA) à New York.
Comme annoncé d’avance par leurs héritiers, ces sommes record iront à une série d’organisations à but non lucratif, notamment l’université de Harvard dont David Rockefeller était sorti diplômé en 1936 et qu’il faisait régulièrement profiter de sa fortune. Ou encore un parc national du Maine que les Rockefeller affectionnaient, auquel il avait fait don de 400 hectares pour son 100e anniversaire.