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La croissance du secteur devrait être comprise entre 6% et 8% en 2018. A la Bourse de Paris, les valeurs du luxe dominent le CAC 40.
De 276 à 281 milliards d’euros : c’est, au niveau mondial, le chiffre d’affaires que devrait afficher le secteur du luxe en 2018. Selon l’étude annuelle du cabinet Bain & Co, le secteur devrait connaître une croissance comprise entre 6% et 8%, à taux de change constant. Et ce alors que la croissance n’avait été « que » de 7% en 2017 – les experts de Bain & Co s’attendant pour leur part à une croissance comprise entre 2% et 4%. En somme, l’optimisme est de retour.
Millenials, e-commerce, Chine : les ressorts de la croissance
La croissance mondiale du secteur du luxe est tirée par plusieurs phénomènes. Les millennials, ces jeunes de 18 à 35 ans, comptent aujourd’hui pour 85% de la croissance de l’industrie – et en 2025, ils représenteront 45% de la clientèle du secteur. Les jeunes Chinois sont parmi les clients les plus friands de luxe : « de plus en plus à la pointe de la mode, ils sont très sensibles à l’équation prix-valeur », détaille ainsi l’étude Bain & Co. Ce rajeunissement passe aussi par celui du style : le streetwear et les baskets arrivent en tête des demandes de ces jeunes clients, et les grandes maisons du secteur l’ont bien compris.
La croissance du luxe est aussi portée par le développement fulgurant de la vente en ligne « à mesure que les frontières avec les canaux physiques traditionnels s’atténuent », note Bain & Co. Longtemps réticentes, les grandes marques du secteur ont toutes entamé leur mue digitale. L’e-commerce a ainsi bondi de 24% en 2017 et représente désormais presque 10% du marché du luxe. Les grands groupes, comme LVMH avec son site 24 Sèvres ou Richemont, qui a jeté son dévolu sur le site Net-à-porter, se positionnent à leur tour sur ce créneau porteur.
Un secteur en forte polarisation
En 2017 déjà, Bain & Co jugeait que la croissance du secteur du luxe était devenue « plus saine », après des années de « boulimie chinoise », suivies d’un relatif déclin. « Elle est surtout portée par une augmentation des volumes et non des prix, et par un meilleur équilibre entre les achats touristiques et la reprise de la consommation locale », expliquait encore le cabinet. « Le secteur du luxe a toujours été rentable malgré la crise économique mondiale ou des variations de chiffres d’affaires, mais il se polarise de plus en plus entre les entreprises qui ont compris les évolutions des consommateurs et du marketing et celles qui ne les ont pas encore totalement assimilées ».
Un avis partagé par Scilla Huang Sun, gérante chez GAM Investments, « il semblerait que les fondamentaux du segment du luxe continuent d’être très robustes et que le scénario de la croissance séculaire repose sur des bases solides ». Tout en relevant à son tour une « polarisation au sein de cette industrie. Les gagnants continuent de remporter des parts de marché avec une croissance à deux chiffres, tandis que les ventes des marques les plus à la traîne n’ont que faiblement augmenté (…). 65% des marques ont réussi à augmenter leurs revenus sur les trois dernières années, mais seulement un peu plus d’un tiers de ces dernières sont parvenues à améliorer leur rentabilité sur cette même période ».
Et de poursuivre : « Ceux qui »gagneront » sur les prochaines années auront besoin d’interpréter précisément les envies des clients afin de réinventer leurs offres dans cette nouvelle ère du luxe, tout en restant fidèle à leur identité de marque. Ce défi devrait entraîner une poursuite de la polarisation, générant un environnement très intéressant pour la sélection de valeur », pronostique l’analyste financière.
La Bourse de Paris dominée par les valeurs du luxe
Ce dynamisme du luxe se traduit aussi à la Bourse. Hermès, qui doit entrer dans le cercle fermé du CAC 40 ce lundi 18 juin, va avec ses 60 milliards de capitalisation augmenter encore le poids des valeurs du luxe au sein de l’indice français. De fait, LVMH, Kering, Hermès et L’Oréal – autrement surnommés les « Khol », comme Facebook, Apple, Amazon et Google sont surnommés les GAFAM – pèsent désormais près de 400 milliards d’euros, soit plus de 20% de l’indice CAC 40 – dont près de la moitié pour LVMH.
La capitalisation des groupes du luxe s’est accrue de 107 milliards d’euros en 2017, portée par LVMH (+63%) et Kering (+146%), alors que celle du CAC 40 n’a augmenté que de 11% sur la même période. Et cela ne semble pas prêt de s’arrêter en 2018 : l’action Kering a ainsi augmenté de 34% et celle de LVMH de 21% depuis le début de l’année.