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Alors que le marché repart à la hausse, focus sur les grandes tendances du yachting de luxe, un secteur qui n’oublie pas les considérations environnementales.
500 exposants, 600 bateaux de 2 à 65 mètres, dont 150 qui dépassent les 20 mètres de long, pour plus de 50 000 visiteurs attendus : pour son édition 2018, le Yachting Festival de Cannes voit les choses en grand. Cette année encore, du 11 au 16 septembre, l’évènement incontournable de la planète yachting donnera à admirer les plus beaux, les plus grands et les plus raffinés navires de luxe. Une occasion en or pour les passionnés de nautisme d’approcher ces véritables palaces flottants, privilège habituellement réservé à une élite internationale au portefeuille bien garni.
Super-yachts : le luxe tire les gammes vers le haut
Le mot « yacht » remonte « à la fin du XVIe siècle, lorsque les Hollandais inventent la navigation de plaisance, baptisant ‘jacht’ leurs petits navires de course », rappelle le site Internet du constructeur de yachts haut de gamme Royal Van Lent – propriété du groupe de luxe français LVMH –, qui perpétue la tradition depuis 1849. De nos jours, les « petits navires » néerlandais ont fait place aux super-yachts, ces monstres des mers qui dépassent 24 mètres. Symboles de richesse et de réussite, certains d’entre eux peuvent même mesurer jusqu’à 180 mètres…
Après la crise financière de 2008, les ventes du secteur avaient pourtant baissé de 50% en 18 mois, rappelle Le Nouvel Economiste. Mais, depuis 2017, le marché se redresse progressivement, affichant une croissance de 13% l’année dernière, durant laquelle quelque 10 000 bateaux ont trouvé acquéreur. Quant aux super-yachts, leur nombre aurait doublé en dix ans, pour atteindre 5 000 unités de par le monde. L’année 2017 a même connu un nombre record de mises en construction : 760 unités dans le monde, et même 21 de plus de 100 mètres de longueur.
Autre phénomène, le luxe influence de plus en plus le choix des heureux propriétaires de super-yachts, et a tendance à tirer les gammes proposées vers le haut. Les clients « veulent souvent retrouver certains éléments qu’ils ont pu observer sur les très gros yachts », explique un professionnel du secteur au Nouvel Economiste. Ils « souhaitent des zones arrières ouvertes qui peuvent accueillir de petits voiliers, des jet-skis, à la manière d’une plateforme privée », abonde un autre.
Conséquence de ces nouvelles tendances, la taille des yachts évolue. « La clientèle souhaite avoir de l’espace et du volume, et un confort de vie. (…) On se dirige vers des salles de bain plus spacieuses, (…), des bateaux tout équipés (…), plus larges » confie au magazine économique Sylvie Ernoult, la directrice du Yachting Festival de Cannes. Côté prix, s’ils restent stables, le ticket d’entrée se situe toujours entre 500 000 et 700 000 euros, et peut s’envoler à plusieurs dizaines de millions d’euros pour les unités les plus imposantes et personnalisées.
Enfin, sans surprise, la clientèle reste majoritairement internationale. Après un net replis, consécutif à la crise de 2008, les clients européens et américains sont de retour, à côté des nouvelles fortunes originaires des pays émergents d’Asie et d’Amérique du Sud. Si les Russes et les Brésiliens constituent toujours une cible de choix, les clients asiatiques restent encore à conquérir. Sylvie Ernoult rappelle qu’à la différence d’autres secteurs du luxe, les propriétaires de yachts doivent posséder une culture de la mer, absente de certains pays. « Il faut aimer s’échapper, affronter les éléments », insiste-t-elle.
Vers un yachting plus responsable ?
Toujours plus gros, toujours plus luxueux, les super-yachts n’en constituent pas moins une source de pollution pour les mers et océans qu’ils traversent. L’ONG Greenpeace rappelle ainsi que 12% de la pollution des océans est à mettre sur le compte des navires. Pourtant, l’impact des activités nautiques sur la pollution marine reste faible : moins de 5%, selon la Fédération nationale des syndicats maritimes (FNSM). Et les yachts de luxe ne seraient responsables que de moins de 1% de la pollution constatée.
A l’image de la société, les mentalités quant aux considérations environnementales dans la plaisance de luxe évoluent lentement. Des précurseurs comme Annette Roux, fondatrice du groupe Bénéteau, ou Paolo Vitelli, président du groupe Azimut-Benetti, engagent leurs entreprises depuis longtemps dans la lutte contre la pollution. Aujourd’hui, près de la moitié « des constructeurs dans le monde répondent aux normes ISO en matière de traitement des émissions de gaz, des déchets et du respect des normes d’hygiène et de sécurité pour le personnel », rappelle L’Express.
A l’image du chantier naval Van Lent, qui en 2001 s’est vu décerner le prestigieux label néerlandais « Royal » par la reine des Pays-Bas, distinction qui récompense les entreprises répondant à des critères exemplaires, notamment en termes de responsabilité sociale et d’impact environnemental. Ou des super-yachts « verts » M/Y Sport Hybride Divine – un navire de 40 mètres bénéficiant d’une propulsion hybride (diesel électrique) – ou Quinta Essentia, entièrement fabriqué en aluminium et lui aussi équipé d’un moteur hybride, ne consommant « que » 95 litres/heure à la vitesse de 10 nœuds. Un privilège accessible à partir de 37 millions d’euros.