100% des 975 lots vendus jusqu’à quatre fois leurs estimations, 2.500 enchérisseurs de 72 pays : la dispersion sur deux jours de vente, à Paris, de l’ultime collection d’art de Pierre Bergé, a été adjugée 27,5 millions d’euros (avec frais), a annoncé jeudi la maison Sotheby’s.
Décédé le 8 septembre 2017 à l’âge de 86 ans, l’homme d’affaires français, parmi les grands collectionneurs de son temps, partageait sa vie entre quatre résidences: un hôtel particulier parisien, une datcha en Normandie, un mas à Saint-Rémy-de-Provence et la Villa Mabrouka à Tanger.
Madison Cox, époux et légataire universel de Pierre Bergé, a mis en vente mardi et mercredi l’entier mobilier qui décorait ces maisons.
« Je ne crois pas à la possession. L’art a toujours été, pour moi et Yves (Saint Laurent), en transit. Tout doit s’envoler un jour », avait confié Pierre Bergé au Figaro quelques semaines avant sa disparition.
Une partie du produit de cette vente d’exception est destinée à la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent et à la Fondation Jardin Majorelle de Marrakech.
« L’ultime chapitre de la dernière des grandes ventes Pierre Bergé/Yves Saint Laurent se referme avec plusieurs records du monde. Yves Saint Laurent a dit +Un jour, on parlera d’un goût Bergé+. Le triomphe de cette vente en atteste la justesse », a confié Madison Cox, dans un communiqué.
Les oeuvres orientalistes ont été parmi les plus disputées avec trois records mondiaux pour les artistes Charles Knighton Warren, Jean-Jules-Antoine Lecomte du Noüy et Charles-Emile-Hippolyte Lecomte-Vernet.
« La porte du sérail, souvenir du Caire » de Jean-Jules-Antoine Lecomte du Noüy a atteint ainsi 2,4 millions d’euros, quatre fois l’estimation haute.
Le Musée du Louvre a préempté pour 369.000 euros (trois fois l’estimation) une toile commandée au Baron Gros en 1821, par Louis Philippe alors duc d’Orléans: « David jouant de la harpe pour le roi Saül ».
Douze oeuvres de Bernard Buffet, premier compagnon de Pierre Bergé entre 1950 et 1958, pour la première fois sur le marché, ont été adjugées pour un montant global de 4,4 millions d’euros, trois fois l’estimation haute.
Côté design, un miroir en bronze de Claude Lalanne spécialement commandé pour la villa de Tanger, a atteint 909.000 euros.
Homme de tous les arts, Pierre Bergé avait rassemblé aussi un bel ensemble de près de 40 masques africains qui a atteint 712.300 euros contre une estimation haute de 135.000 euros.
Le 14 décembre, toujours à Paris, Sotheby’s procèdera au quatrième volet de la vente de la bibliothèque personnelle de Pierre Bergé avec un florilège de livres et de manuscrits du XVe au XXe siècle.
En 2009, Pierre Bergé avait dispersé l’importante collection d’art composée pendant un demi-siècle avec Yves Saint Laurent. Cette « vente du siècle » avait rapporté plus de 373 millions d’euros.