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Le mercredi 5 décembre, le groupe LVMH organisait un grand dîner de charité au Palais Brongniart. Les maisons du groupe (Louis Vuitton, Dior, Givenchy, Berluti, Moët, Hennessy, etc.) étaient rassemblées pour réaffirmer leur engagement dans la société, notamment dans la lutte contre une maladie génétique, la drépanocytose. Nous avons rencontré à cette occasion Chantal Gaemperle, Directrice des ressources humaines du groupe LVMH.
Chantal
Gaemperle
Guillaume de Sardes : Dans le domaine du luxe, trois des dix plus grands groupes mondiaux sont français : LVMH, numéro un, dirigé par Bernard Arnault, Kering et L’Oréal. LVMH emploie dans le monde entier plus de 145.000 personnes. Le groupe a réalisé en 2017 un chiffre d’affaires de 42,6 milliards d’euros pour un résultat net de 5,1 milliards d’euros. Ce dynamisme permet au groupe de mener une politique de mécénat et de philanthropie de grande ampleur. Quel est le sens de cet engagement ?
Chantal Gaemperle : LVMH est un groupe engagé autour de trois valeurs : la créativité, l’excellence et l’esprit d’entreprise. Celles-ci sont au fondement de ce qu’on pourrait appeler le talent, un talent que nous voulons mettre au service de nos clients, mais aussi de la société à travers du mécénat de compétences. Les employés du groupe sont encouragés à accompagner de jeunes entrepreneurs. Ils les soutiennent, mais surtout les conseillent. Promouvoir le talent, c’est défendre une société ouverte où chacun a sa chance, car le talent ne dépend pas de son origine sociale.
G. S. : Quels montants ont été engagés en 2017 pour cette politique ?
C.G.: LVMH est un groupe très décentralisé attaché à préserver l’esprit et l’identité de chaque maison. Nous ne consolidons donc pas les chiffres au niveau du groupe. Chaque maison est libre de s’engager comme elle le souhaite. Les montants sont cependant importants. Les donations de Bulgari pour le programme « Save the Children », après neuf années de collaboration, s’élèvent par exemple à 85 M$. La barre des 100 M$ a été fixée pour la fin de l’année prochaine.
G. S. : L’art et la mode entretiennent traditionnellement des rapports étroits. Aussi l’engagement de LVMH dans ce domaine paraît-il naturel. Mais le groupe aide aussi financièrement la recherche contre la drépanocytose (la maladie génétique la plus répandue dans le monde) et la prise en charge des patients qu’elle touche. Pourquoi ce choix ?
C.G.: Comme souvent, au début, il y a une rencontre. Celle-ci a eu lieu avec l’équipe de l’hôpital parisien Robert-Debré. Cette équipe est merveilleuse. Nous la soutenons depuis sept ans dans sa lutte contre cette maladie génétique qui touche plus de 5 millions de personnes et 250 000 nouveau-nés par an. Simplement en Île-de-France, ce sont 10 000 à 15 000 personnes qui sont concernées. Il s’agit d’une maladie génétique, due à une mutation de l’hémoglobine qui assure le transport de l’oxygène dans le sang. Il s’agit avant tout d’un choix du cœur.
G. S. : Pourriez-vous nous expliquer le principe du dîner de levée de fonds ? Qui participe ? Combien avez-vous récolté ?
C.G.: Autour de nous, trente maisons sont présentes. Chaque maison a acheté une table et invité qui elle souhaite. Tous les Présidents de ces maisons sont présents, ainsi que Toni Belloni, Directeur général délégué du groupe LVMH. L’argent est ensuite reversé au centre de référence de la drépanocytose de l’hôpital Robert-Debré et à une cause coup de cœur, en l’occurrence l’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant dans une région isolée du Bénin. Depuis 2011, près de 1 million d’euros ont été ainsi levés.
G. S. : Par qui et comment sont prises les décisions de soutenir telle cause ou tel projet culturel plutôt qu’un autre ? Le groupe a-t-il une stratégie globale ?
C.G.: Comme je vous le disais, les maisons sont libres de s’engager comme elles le souhaitent. Nous veillons simplement à ce que leurs actions restent cohérentes avec les valeurs du groupe. LVMH veut être un acteur positif dans les pays où il opère, ce qui est partagé avec les maisons du groupe. Elles décident d’actions qui font du sens dans leur contexte en cohérence avec nos valeurs.