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Du 18 octobre au 16 décembre 2023, la célèbre galerie Kugel présente Ambre. Trésors de la Mer Baltique XVIe – XVIIIe siècle. L’exposition propose la contemplation d’un florilège d’objets précieux réalisés à partir de ce matériau organique qui fascine les sociétés humaines depuis l’Antiquité.
Première exposition consacrée à l’ambre en France, Trésors de la Mer Baltique présente une cinquantaine d’objets réunis par les antiquaires Kugel sur trois générations. Nichée au sein du sublime hôtel Collot, elle mêle objets profanes et religieux : sculptures, coffrets, coupes, jeux, ou encore crucifix. Cette exposition met en lumière le travail, de facture exceptionnelle, des artistes de l’époque et souligne l’importance de ces œuvres de prestige au moyen de recherches de provenances poussées. Par ailleurs, un jeu de clair-obscur tout au long du parcours participe à la mise en valeur de ces objets et à la découverte de ce matériau. Tantôt opaque, tantôt transparent, l’ambre se décline sous diverses couleurs et tonalités insoupçonnées.
Matériau méconnu empreint de mystère, l’ambre fascine et émerveille l’homme depuis l’Antiquité : on lui attribue des vertus médicinales, il est associé au dieu Soleil et il symbolise l’immortalité. Il faudra attendre la seconde moitié du XVIIIe siècle pour que le savant russe Mikhaïl Lomonossov (1711-1765) découvre sa vraie nature. Il s’agit d’une résine fossilisée, provenant de forêts de conifères préhistoriques situées sous la mer Baltique, entre Gdansk (Pologne) et Kaliningrad (Russie) pour les pièces présentées dans cette exposition. À partir du XVIe siècle, cette région du monde, appartenant à la Prusse et de confession protestante, connaît une véritable expansion de la production et du commerce d’objets d’art en ambre. Ces derniers sont des pièces d’apparat prestigieuses, faisant partie des collections des souverains et des princes et devenant des cadeaux diplomatiques par excellence, en particulier pour Frédéric-Guillaume et son successeur.
Le somptueux coffret écritoire réalisé au début du XVIIe attribué à l’artisan Hans Klingenberg incarne un parfait exemple de cadeau diplomatique. Plusieurs indices réunis lors de recherches de provenance indiquent qu’il aurait été offert à l’empereur Rodolphe II de Habsbourg (1552-1612) par la duchesse Marie-Éléonore (1550-1608) de Prusse. Reposant sur quatre petites sculptures zoomorphes en ivoire, ce coffret présente un décor inhabituel. S’il n’est pas rare que l’ambre soit couplé à l’ivoire, il l’est davantage qu’un objet soit entièrement réalisé en ambre et décoré sur toutes ses facettes. Ainsi, il est ici possible d’admirer un objet dont le décor joue sur les différentes couleurs de ce matériau mythique, mêlant également ivoire et argent doré, que ce soit en surface, à l’intérieur ou en dessous de celui-ci. Le fait qu’il s’agisse d’une commande impériale justifie une telle dépense. Exposé dans une salle qui lui est dédiée, ce chef-d’œuvre est particulièrement mis en valeur par la galerie. Il est posé sur un miroir, permettant au visiteur de contempler indirectement la marqueterie d’ambre et d’ivoire située en dessous du coffret ; une grande reproduction photographique du décor intérieur est accrochée sur l’un des pans de mur de la salle tandis qu’un autre présente un cartel explicatif de l’œuvre.
Image: © Galerie Kugel