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Les Carnets du Luxe prennent un instant pour vous présenter un jeune designer, venu de la ville rose, Diego Guillen. Etudiant en Master à l’Atelier Chardon Savard, il développe sa marque en parallèle. Nous l’avons rencontré à l’approche du défilé de fin d’année de l’école, alors que l’effervescence régnait à l’atelier, les étudiants mettant un point d’honneur à finaliser leur dernière collection. La sienne se veut imprégnée de futurisme et de science-fiction.
Aïssata
Haïdara
Comment vous est venu le « virus » de la mode ?
Ayant toujours été féru de dessin, j’ai découvert à 9 ans la silhouette de mode et j’ai tout de suite été séduit par les possibilités qu’elle offrait. Je suis ensuite passé par Esimode (Toulouse) où, en parallèle de mes études de design, j’ai défini le concept de ce qui allait être ma marque durant trois années. A la fin de ce cursus, nous devions présenter notre marque dans toutes ses dimensions, en détaillant la cible, la maquette du magasin, les points de vente, etc… Ce fût une formation complète, en particulier en ce qui concerne la branche marketing du métier. Ensuite, j’ai pris mon envol pour la capitale, plus riche de cultures mode et artistique que Toulouse. J’ai bataillé à obtenir deux stages de deux mois chacun. L’un pour Mazarine et l’autre pour On Aura Tout Vu, qui m’a par la suite rappelé pour participer à son défilé, en janvier 2022. Enfin, cette année, au sein de l’Atelier Chardon Savard, nous nous sommes focalisés sur la création d’une dizaine de silhouettes. Ce 23 mai 2023, un défilé a eu lieu pour présenter cette collection, qui sera suivi, dans un mois, d’un showroom à l’école. L’occasion de rencontrer des professionnels du milieu.
@Aïssata Haïdara
Parlez-nous de votre concept, d’où proviennent vos inspirations ?
Je suis un passionné de septième art, du futurisme et de la science-fiction. Comme Star Wars, Matrix ou les films de Stanley Kubrick. Je me suis d’ailleurs inspiré de Matrix pour ma collection de troisième année. Le thème était « la citadine après le confinement ». J’ai envisagé le covid comme un bug dans la matrice, susceptible de reconfigurer notre rapport au vêtement. C’est surtout dans les costumes et les images que je puise les informations, pour les interpréter à ma façon. Pour mon diplôme de Bachelor, le premier long-métrage de Georges Lucas THX 1138 était l’inspiration première de la collection. Le film raconte l’histoire d’êtres humains vivant sous terre, dans une société capitaliste, oppressante et opprimante. Un film très sombre, posant la question de notre place dans le futur. Que va-t-on devenir, quel est l’aboutissement ultime de la société de consommation ? Quant à la collection qui va bientôt sortir, elle sera imprégnée des films Alien et 2001, L’Odyssée De L’Espace. D’autres célèbres couturiers, comme Thierry Mugler, s’inspirent également du cinéma et m’ont guidé. Courrèges aussi et son approche très futuriste ou Rick Owens et sa vison post-apocalyptique. Mais Pierre Cardin est mon véritable maitre. Il est précurseur de son époque, passionné d’astronomie et de l’espace, c’est un véritable « créateur du futurisme ».
@Aïssata Haïdara
Vous êtes seul au sein de votre marque, déléguez-vous ou envisagez-vous de le faire ?
Pour l’instant je suis seul oui, je dois donc être sur tous les fronts. Heureusement, mes parents m’ont toujours soutenu dans mes projets, grâce à eux que je fais ce que j’aime aujourd’hui. Ma mère m’a donné l’amour de la mode et mon père celui du cinéma, un beau compromis. Il prend plaisir à participer à la réalisation de certaines de mes pièces de maroquinerie, comme les sacs. Une bonne silhouette mérite d’être accessoirisée et complète, alors je n’hésite pas à customiser mes chaussures et à créer des sacs.
@Aïssata Haïdara
Vos matières semblent innovantes et difficiles d’accès, comment vous fournissez-vous ?
Les matières que j’utilise suivent quelques impératifs : l’originalité, la réflexion de la lumière, un aspect très futuriste. J’essaye au maximum de toujours innover en gardant mon ADN. Une partie de mes tissus est sourcée à Bobigny, où il y a un grand espace de stockage fin de rouleaux, avec des matières intéressantes. L’essentiel consiste à consacrer du temps au « sourcing », à réaliser beaucoup de recherches de textile, sur internet ou bien en ville.
@Aïssata Haïdara
Votre fameux trench rouge est votre pièce maitresse. D’où provient cet engouement pour ce vêtement ?
Pour mon entrée à l’Atelier Chardon Savard, nous devions réaliser un trench-coat. Alors, je me suis plongé dans mes plus grandes sources d’inspiration, comme le film Star Wars. Les « gardes rouges » présents dans ce long-métrage ont fait émerger l’idée d’un trench rouge. Ensuite, alors que je débutais sur TikTok, une vidéo de mon prototype a suscité un certain engouement, ayant été visionnée plus de deux cents cinquante mille fois. De nombreuses personnes, dont des photographes, ont pris contact avec moi pour cette pièce, à mon plus grand étonnement. Cela se répète avec un manteau de ma dernière collection, lenticulaire : deux couleurs superposées, le bleu et le vert, qui, en changeant d’angle, dévoilent une nouvelle couleur.
@Aïssata Haïdara
Récemment vous êtes entré chez OSME (place digitale dédiée à la création mode émergente), cela doit être encourageant pour un nouveau créateur ?
En effet, c’est tout récent. Après avoir établi un profil sur leur site ils m’ont mis en avant sur Instagram. L’opportunité d’accéder à une visibilité supplémentaire, ainsi que d’avoir peut-être l’occasion de participer à un des deux pop-up stores annuels qu’ils organisent. De plus, je pourrai également y faire la promotion de mes futures créations et rediriger leurs potentiels consommateurs vers mon site.
@Aïssata Haïdara
En tant que novice, auriez-vous un conseil pour les nouveaux créateurs ?
Pour travailler dans la fashion sphère, un mot d’ordre : la passion. C’est un travail monstrueux, de jour comme de nuit, alors il est primordial d’aimer ce que l’on fait, de faire preuve de force de travail et de rigueur. Je pense qu’il faut savoir s’écouter, prendre uniquement les bons conseils de ses professeurs et impérativement aller au bout de ses idées.
@Aïssata Haïdara
Pour conclure, auriez-vous une information exclusive à partager avec nos lecteurs ?
Je ne vends pas encore, mais c’est un objectif pour cet été. Grâce à un job étudiant, je financerai la création de quelques pièces en parallèle, que je mettrai sur mon site. J’aimerais commencer par vendre ma pièce phare, mon trench rouge, en plusieurs exemplaires. Ainsi, peut-être qu’à la fin de l’été, on portera du Diego Guillen !
Diego Guillen @Aïssata Haïdara
Propos recueillis par Charlie Boutemy