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Des formes au Musée Yves Saint Laurent
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L’exposition « Formes » se tient au Musée Yves Saint Laurent à Paris jusqu’au 14 janvier. Conçue en collaboration avec l’artiste contemporaine allemande Claudia Wieser, elle explore les relations entre le style Saint Laurent et les grands courants artistiques de la modernité.
Rassemblant de nombreuses tenues, chapeaux, sacs et souliers, mais aussi des croquis dessinés par Saint Laurent et des photographies prises lors de différents défilés, l’exposition s’attache à montrer la manière dont le créateur a dialogué avec l’abstraction géométrique, le constructivisme ou encore l’Op Art.
Dès 1958, il crée la ligne « Trapèze » pour Christian Dior. Avec ces robes tenues par les épaules et non plus par la taille comme cela se faisait alors, il amorce le début d’une recherche de simplification des coupes qu’il poursuivra toute sa carrière. Ce travail d’épure passera par différentes étapes et tout d’abord par la réinterprétation de vêtements fonctionnels issus du monde du travail. Le jump-suit, inspiré des combinaisons d’aviateur, entrera ainsi dans le vestiaire Saint Laurent. Le créateur emprunte aux tenues de travail leurs formes mais il retient surtout l’idée de n’employer qu’une couleur par vêtement. Dans les années 1960, période où Yves Klein utilise son « bleu Klein » pour réaliser des monochromes, Saint Laurent invente sa robe courte droite unicolore et la décline dans des coloris vifs.
Mais le créateur aime aussi les contrastes tels que les artistes américains de l’Hard Edge les pratiquent de l’autre côté de l’Atlantique durant ces mêmes années. Couturier, il remplace les couleurs par des tissus aux propriétés variées : matité du cuir, chatoiement du velours, brillance des sequins. Alternant surfaces lisses et texturées, souples et rigides, il dessine des compositions de formes simples aux bords nets et les assemble entre elles de façon à magnifier la silhouette de celle qui les porte. Enfin, parce que les années soixante sont aussi celles de l’avènement de l’Op Art aux États-Unis et de l’Art Cinétique en France, Saint Laurent pense aussi ses contrastes en noir et blanc, et c’est le mouvement de ces modèles qui donne vie à ses compositions symétriques.
Influencées par l’œuvre de Vassily Kandinsky et de Paul Klee, les mosaïques de Claudia Wieser dessinent un univers de formes géométriques qui répond aux chapeaux constitués de cubes enchevêtrés et aux boucles d’oreille composées de triangles et de cercles inventés par Saint Laurent. Ses assemblages de différents matériaux (céramique, miroir, bois, photographie) font écho aux multiples textures employées par le créateur et souligne, par contraste, la franchise de ses couleurs.