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L’année 2021 va-t-elle voir la fin de la fourrure dans les collections des marques de luxe ? Depuis quelques mois, les annonces des marques se multiplient. Et la position de Kering en faveur de la fin de la fourrure marque un tournant pour la mode. Est-ce pour autant la fin de la fourrure ? La filière de la fourrure tente de s’organiser. Elle vient même de lancer une nouvelle certification pour garantir la qualité de sa filière auprès des consommateurs.
Kering met fin à la fourrure dans ses collections
« Nous considérons qu’abattre des animaux qui ne seront pas mangés strictement pour utiliser leur fourrure ne correspond pas au luxe moderne, qui doit être éthique, en phase avec son époque et les questions de société. » La déclaration de Marie-Claire Daveu, la directrice développement durable de Kering, confirme clairement l’orientation anti-fourrure choisie par le groupe de luxe français. Au début du mois de septembre dernier, Kering a annoncé que ses maisons Yves Saint-Laurent et Brioni renonceront à la fourrure dès les collections d’automne 2022. Saint-Laurent et Brioni étaient les deux dernières marques de luxe du groupe à encore utiliser de la fourrure animale. Avec cette décision, le groupe tire donc un trait définitif sur la fourrure.
Kering rejoint ainsi d’autres marques de luxe qui, à l’instar de Chanel et de Stella McCartney, se sont engagées pour un luxe sans fourrure animale. En devenant le premier groupe de luxe de grande envergure à renoncer ainsi à l’usage de la fourrure animale dans les collections, Kering se positionne au passage comme un des tenants du luxe éco-responsable.
Le luxe sans fourrure : une tendance de fond
Des associations comme PETA se mobilisent depuis plus de trente pour l’abandon de la fourrure dans la mode, mais sans grands résultats. Pourtant, depuis quelques années, la fourrure, élément incontournable de la culture des marques de luxe, est au coeur des débats. Les nouvelles générations de consommateurs de luxe, plus soucieux des enjeux écologiques, sont aussi moins attachées aux anciens symboles du luxe. La fourrure fait débat. Les marques qui l’utilisent font l’objet de bad buzz sur les réseaux sociaux. Et finalement, la fin annoncée de la fourrure est bel et bien en train de se concrétiser.
A ce titre, l’année 2021 s’affirme comme une année charnière. Outre l’annonce de Kering, d’autres marques de luxe ont décidé de renoncer à la fourrure. Canada Goose a tiré un trait sur l’usage de la fourrure animale pour ses parkas en juin dernier. Jean-Paul Gaultier, Prada, Armani ou encore Burberry ont également abandonné l’usage de la fourrure.
Les marques ne sont pas les seules à se positionner sur le sujet. En août dernier, le site e-commerce Mytheresa a annoncé qu’il arrêterait le référencement des articles utilisant de la fourrure animale. La décision sera effective dès le printemps 2022. L’autre temps fort de l’année 2021 est sans aucun doute le décret adopté par l’état d’Israël en juin dernier. Israël devient le premier état au monde à interdire le commerce de fourrure pour l’habillement sur son territoire, y compris pour les articles importés.
Une certification pour la fourrure
Face à cette vague anti-fourrure dans le luxe, la Fédération Internationale de la Fourrure a décidé de réagir. En septembre dernier, elle a annoncé le lancement d’une certification : Furmark. La mise en place de cette certification a commencé il y a quatre ans. Et elle risque d’arriver trop tard pour inverser la tendance. L’idée de la Fédération consiste à rassurer le consommateur sur les conditions d’élevage et de traitement des animaux élevés pour la filière de la fourrure.
Le communiqué de la Fédération précise : « Pour les acteurs de la filière de la fourrure et du luxe, notamment français, il s’agit de répondre à la demande de marque de confiance de la part des consommateurs et de maintenir une dynamique de lutte contre les produits polluants, synthétiques et issus de la fast-fashion. » La certification Furmark doit garantir le bien-être des animaux, mais aussi le respect de l’environnement, à toutes les étapes de la production de fourrure : de l’élevage à la distribution, en prenant en compte le tannage des peaux, une étape particulièrement polluante.
Concrètement, les fabricants de fourrures doivent déjà répondre aux contraintes légales, notamment en Europe. Mais cette nouvelle certification promet d’être encore plus rigoureuse. Sera-t-elle suffisante pour convaincre les acheteurs de luxe de revenir vers la fourrure ? Rien n’est moins sûr, d’autant que pour l’instant les marques de luxe n’ont pas réagi à cette certification pour la fourrure. Seul le groupe LVMH soutient le projet.