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Le génie des créations de haute couture d’Iris van Herpen est actuellement mis à l’honneur au Musée des Arts Décoratifs. À travers 100 pièces iconiques, la rétrospective « Iris van Herpen. Sculpting the Senses » reflète la diversité des inspirations et des disciplines qui nourrissent son univers.
Beatriz
Gomes Pena
En combinant des techniques traditionnelles de confection du vêtement avec des technologies novatrices et des pratiques de fabrication écoresponsable, la créatrice se distingue comme l’un des précurseurs de sa génération dans le monde de la mode. Avec une exploration autour du corps et des sens, les commissaires Cloé Pitiot et Louise Curtis recensent les principaux thèmes autour desquels se construisent les formes sculpturales des collections de la marque. Le parcours thématique de l’exposition se développe autour de neuf domaines présentant les robes en parallèle d’objets issus des sciences naturelles, d’œuvres d’art contemporaines ou de pièces de design.
À travers l’espace aquatique, le public est immergé au début de l’exposition dans l’un des thèmes essentiels qui inspirent Iris van Herpen : l’eau. Ce milieu — présenté dès sa collection « Crystallization » de 2010 — est abordé sous deux perspectives. D’une part, il est exploré du point de vue du macrocosme de l’océan et de ses mystères, notamment par le biais d’une installation du Collectif Mé. Cette grande sculpture représentant le mouvement des vagues génère une sphère énigmatique dans la salle. D’autre part, l’eau est abordée en tant que microcosme à travers la collection « Sensory Seas » de 2020, laquelle fait référence aux éléments invisibles à l’œil humain intégrés à l’écosystème aquatique. Le dialogue entre l’eau et les origines du monde vivant — reflétées par exemple à partir des êtres microscopiques — est accompagné par des planches illustrées du biologiste Ernst Haeckel réalisées au XIXe siècle.
Les sciences naturelles occupent une place prépondérante parmi les intérêts d’Iris van Herpen. Des coraux et des fossiles présentés dans le parcours évoquent les cabinets de curiosités courants à cette époque. Une section de l’exposition dédiée à la thématique du squelette — illustré en particulier par la robe Skeleton — révèle également son intérêt pour les galeries d’anatomie. Outre l’agencement des réseaux organiques tels que les champignons, Iris van Herpen se penche aussi sur les structures artificielles, comme dans sa Cathedral Dress, qui évoque les constructions architecturales du style gothique flamboyant.
L’approche sensorielle, en particulier le fonctionnement du cerveau et la synesthésie, est un autre aspect marquant de sa production. Certaines des créations mises en avant par les commissaires témoignent de l’effet que les matériaux sculptés de ses robes produisent sur la stimulation cérébrale et la modulation sensorielle pour susciter des émotions. L’exposition se termine par un lieu consacré au thème de la mythologie de la méduse suivi d’un autre dédié au cosmos. Ce dernier présente une profusion de corps suspendus en lévitation dans l’espace, traduisant des idées de liberté totale dans l’immensité cosmique.
L’exposition, qui s’appuie sur de nombreuses expérimentations soulignant l’originalité de sa réflexion, situe Iris van Herpen en tant que créatrice singulière et visionnaire de la production actuelle.