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Le groupe Kering se trouve à nouveau dans la tourmente. Après avoir démenti publiquement les accusations d’évasion fiscale en lien avec la rémunération de Marco Bizzarri, le CEO de Gucci, en janvier dernier, le groupe est cette fois suspecté d’avoir échappé au paiement de ses impôts en Italie, entre 2002 et 2017.
Kering, le groupe français numéro 2 dans le secteur du luxe mondial derrière LVMH, aurait mis en place un montage financier occulte pour se soustraire à l’impôt italien pendant près de quinze ans. La justice italienne vient d’ouvrir une enquête pour définir les montants d’impôts que le groupe aurait dû payer entre 2002 et 2017, et elle souhaite mettre à jour le montage financier par lequel l’entreprise est parvenue à se soustraite à une partie de cet impôt. Selon les premières estimations de l’enquête italienne, la somme serait de 2,5 milliards d’euros d’impôts impayés.
De son côté, le site d’informations Mediapart a réussi à mettre la main sur des documents internes de Kering, rendus publics grâce au travail du réseau des médias européens (EIC). Les documents laisseraient entendre que le montant réel serait plus élevé que celui avancé par la justice italienne. Plus précisément, les documents mettent à jour deux sociétés du groupe Kering qui seraient particulièrement visées par la fraude : la marque Yves Saint-Laurent pour laquelle Kering aurait économisé 180 millions d’euros, et Gucci pour laquelle la somme atteint 1,4 milliard d’euros.
D’après les premières informations, l’essentiel de ce préjudice concernerait l’Italie, mais la question d’éventuels impôts impayés en France et au Royaume-Uni a également été soulevée. De son côté, le groupe Kering s’est défendu dans un communiqué de presse en date du 16 mars, précisant qu’il s’acquittait de ses impôts en Suisse. En effet, LGI, la plateforme logistique qui assure la distribution du groupe Kering, est basée en Suisse.
En parallèle de l’enquête sur une éventuelle fraude fiscale de Kering, Gucci, la marque fétiche du groupe, fait également l’objet d’une enquête. La marque italienne est suspectée d’évasion fiscale. Le parquet de Milan s’est saisi de l’affaire, et une enquête est ouverte depuis novembre 2017. Une perquisition des bureaux de Gucci a même eu lieu, fin 2017. Gucci avait été rachetée par Kering en 2000. D’après les informations de Mediapart, un système d’évasion fiscale avait cours chez Gucci avant son intégration au groupe Kering, et c’est à l’occasion de ce rachat que le groupe aurait étendu ce système à ses autres marques.