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L’exposition Eternally Reborn qui s’est déroulée en août 2024 dans la boutique Bulgari sur la place Vendôme, a montré que le bijou est un art. Deux galeries parisiennes s’accordent sur cette idée en offrant aux œuvres d’art ancien une nouvelle vie.
L’ancrage historique d’une grande maison de joaillerie, célébré.
Imaginée par le responsable des collections patrimoniales de Bulgari Gislain Aucremanne, l’exposition itinérante a pour vocation de célébrer les 140 ans de la marque romaine. Les bijoux exposés sont des pièces uniques dont certaines ont appartenu à des célébrités, comme la plaque David di Donatello offerte à Marilyn Monroe en 1958. Les bijoux de la collection prennent une valeur particulière selon leurs agréments.
Une des pièces maîtresses de l’exposition est un collier réalisé autour de 1984 à partir d’un camée en sardonyx de l’époque antique et d’une corde de soie. Le nez dégradé de la face du camée n’a délibérément pas été restauré, la marque souhaitant marquer la longue histoire de cet objet d’art.
Un ensemble iconique chez Bulgari a aussi pris place pour cette exposition. Il s’agit du collier, des boucles d’oreilles et de la bague Monete datant des années 1980-1990. Ces bijoux sont incrustés de pièces de monnaies antiques dont la noirceur contraste nettement avec la brillance contemporaine de l’or des montures et marque le temps.
Avec cette exposition, la maison Bulgari cherche à mettre en évidence l’attache de la marque à la tradition artistique multimillénaire de la ville de Rome d’où elle est originaire. Elle réussit ainsi à rendre les œuvres antiques accessibles aux clients qui souhaitent se parer de fragments de l’histoire.
Les galeries d’art prennent le relais du luxe.
Une méthode similaire à celle de Bulgari est adoptée par l’historienne de l’art et galeriste, Gabriela Sismann. Non seulement marchande de sculptures datant de l’époque médiévale et de la Renaissance, elle est aussi créatrice de bijoux qu’elle présente comme des objets d’art portatifs et uniques. Elle crée à partir de fragments variés d’œuvres anciennes en détournant leur objet. Durant la dernière édition de Fine Arts la Biennale qui s’est déroulée du 22 au 27 novembre 2024 au Grand Palais, Sismann a exposé plusieurs de ses bijoux, donnant la possibilité aux collectionneurs d’acquérir d’anciens médaillons, d’anciennes plaques de métal ou d’ivoire, ou bien encore des icônes miniatures ou une enluminure, chaque pièce étant transformée en collier adaptable à une garde-robe moderne.
Si les bijoux de Sismann sont personnalisés, une autre galerie parisienne offre la possibilité d’acquérir bijoux anciens originaux. Il s’agit de la galerie franco-américaine Les Enluminures, spécialisée principalement dans les manuscrits enluminés mais qui élargit désormais son offre aux bijoux anciens. Sa propriétaire, Sandra Hindman propose une belle sélection de bijoux provenant d’Égypte ancienne, de Rome antique, et d’Europe médiévale. Hindman soutient l’idée de la prolongation de la vie des bijoux : bien que très précieux, ils peuvent être portés aujourd’hui pour des occasions spéciales. Une bague ancienne de type fede ou posy, peut par exemple devenir le parfait gage d’amour. Portée à nouveau des siècles après sa création, une pièce patrimoniale obtient le statut d’objet de luxe pour initiés.
Bien que marques de luxe et galeries d’art aient des objectifs différents, les deux sauvegardent le patrimoine et le transmettent aux clients qui le valorisent à leur tour.
Illustration:
Bulgari, collier en corde de soie, 1984. Exposition Eternally Reborn, Paris, août 2024.
© Eva Tsinker