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Joyau historique des grands magasins de Paris, fleuron du luxe, de la mode et de la beauté, Le Bon Marché se distingue aujourd’hui de plus en plus comme scène dynamique pour l’art contemporain. Se métamorphosant en un véritable lieu d’exposition artistique, il devient un espace de rencontre entre un public parfois peu familier avec le monde de l’art et des œuvres de grande qualité.
Yola
Le Strat Piercy
Situé en plein cœur du 7e arrondissement, Le Bon Marché est fondé en 1852 par le couple Boucicaut qui le transforme très rapidement en une « cathédrale de commerce moderne ». Premier grand magasin parisien, il incarne alors ce Paris Moderne du Second Empire. Admiré de tous pour son ingéniosité et son originalité commerciale, il inspire nombre d’artistes, tel Zola pour son œuvre Aux Bonheurs des Dames. L’architecture est également tout aussi ingénieuse que remarquable. Fruit de nombreuses transformations, l’aspect que nous lui connaissons aujourd’hui est la réalisation de deux architectes de talent, Alexandre Laplanche puis Louis-Charles Boileau. L’intérieur est quant à lui la création des ateliers Moisant et de Gustave Eiffel qui lui appliquent leurs dernières recherches en termes d’architecture métallique industrielle dans l’objectif de créer un espace qui laisse entrer la lumière.
Faisant appel à des créateurs et des architectes de talent pour sa construction et son aménagement intérieur, Le Bon Marché témoigne dès ses débuts de l’esprit visionnaire de ses fondateurs.
Un emblème de ce lieu est notamment l’escalier roulant imaginé par Andrée Putman et installé en 1990. Liant le rez-de-chaussée au dernier étage, il donne une impression de verticalité dans les grands halls et joue un rôle important pour la création artistique.
La relation entre Le Bon Marché et l’art est une histoire de longue date. Déjà en 1875, passionnés d’art et grands collectionneurs, les Boucicaut instituent au sein de leur magasin une galerie d’art où sont exposées les œuvres refusées par le Salon des Beaux-Arts. Cet espace est alors mis à la disposition des artistes voulant exposer, les mettant ainsi en relation avec les clients du Bon Marché. Il s’ensuit en 1912 l’ouverture d’une seconde galerie dédiée aux arts décoratifs.
Racheté en 1984 par le groupe LVMH, Le Bon Marché a maintenu cette relation avec l’art. En 1989, une collection d’art contemporain est fondée, qui s’étend à partir de 2012 au mobilier et au design. Cette collection de grande qualité est aujourd’hui composée d’une cinquantaine de pièces, toutes exposées au sein du magasin.
Cependant, ce qui caractérise véritablement Le Bon Marché en tant que centre d’exposition sortant de l’ordinaire, ce sont les célèbres Cartes Blanches Hivernales instaurées depuis 2016 au sein du magasin. Inspirées d’une tradition historique lancée par M. Boucicaut lui-même en 1873 pour dynamiser l’établissement après les fêtes de fin d’année, ces expositions éphémères perpétuent l’esprit d’un événement commercial où les stocks de linge blanc étaient jadis soldés. Avec les Cartes Blanches, cette tradition perdure en explorant le thème du « blanc » autour duquel les artistes sont conviés à produire ou à décliner leurs œuvres.
Depuis 2016 sont ainsi accueillis chaque année des grands noms de la scène artistique contemporaine tels que Ai Weiwei, Leandro Erlich, Joana Vasconcelos, Prune Noury, ou encore Subodh Gupta. L’objectif est de concevoir une expérience immersive pour les clients du magasin, les invitant à découvrir l’art contemporain de manière inattendue. Les expositions éphémères se déploient dans tout le magasin, de la maroquinerie aux cosmétiques, rendant ainsi possible un dialogue intrigant et inattendu entre l’art et la mode. Ainsi, chaque visite au Bon Marché devient une expérience artistique et de shopping unique, mêlant l’élégance du luxe à la créativité de l’art contemporain.
Pour cette année 2024, Le Bon Marché Rive Gauche donne sa Carte Blanche à l’artiste français Daniel Buren. Inspiré par les carreaux carrés qui composent les fameuses verrières de l’établissement, Daniel Buren présente ainsi une exposition en deux actes nommée « Aux Beaux Carrés : travaux in situ ».
Pour l’Acte I, qui se déroule du 9 janvier au 18 février, l’artiste habille le grand magasin d’œuvres monumentales composées de plus de 1500 pièces placées sous les verrières centrales et sur les huit vitrines. Il reprend également son travail emblématique de bandes verticales alternées qu’il applique à l’escalator central et aux colonnes de la rue de Sèvres.
L’Acte II de cette exposition sera présenté quant à lui à partir du 29 juin jusqu’au 19 août 2024. Une grande première pour Le Bon Marché qui décline pour la première fois sa Carte Blanche en deux temps. Bravant les conventions depuis son commencement, Le Bon Marché incarne aujourd’hui plus que jamais la vision de ses fondateurs : une ouverture au monde, une passion pour la culture, et une tradition constamment réinventée.