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La crise du coronavirus a mis en crise les hôtels de luxe français. Le secteur avait déjà bien souffert en 2019 ; la crise des Gilets Jaunes avait freiné les réservations de clients internationaux. Avec de nouvelles normes sanitaires et la reprise des déplacements, la saison estivale 2020 ne sera pas sauvée. Pourtant, les hôtels de luxe pourraient limiter la casse après la crise du coronavirus. Le secteur est à pied d’oeuvre pour accueillir à nouveau ses clients. Et des signes de reprise sont déjà là.
2019 et 2020 : deux années noires pour l’hôtellerie française
La crise du coronavirus intervient dans un contexte déjà difficile pour les hôtels de luxe français. L’année 2019 avait été plutôt mauvaise. Durant l’été 2019, leur fréquentation avait baissé de 1,2 point par rapport à 2018. Une baisse qui avait été particulièrement marquée pour les hôtels du trois au cinq étoiles, d’après une étude de MKG. La cause ? Plusieurs mois de crise des Gilets Jaunes avaient freiné la clientèle internationale des établissements haut de gamme.
Le 9 avril dernier, le cabinet d’études STR avait publié une première étude sur l’impact du Covid-19 sur le secteur de l’hôtellerie en France. Il annonçait alors une baisse du taux d’occupation de 75%. D’après l’étude, les hôtels devaient pourtant compter sur une reprise rapide, dans les six mois. Seul bémol : la reprise pour les hôtels 4 et 5 étoiles, tributaires de la clientèle internationale, serait plus longue.
Deux mois plus tard, les résultats du baromètre D-EDGE viennent valider cette analyse des perspectives économiques. La crise du coronavirus n’est pas finie, mais les indicateurs repassent au vert pour les hôtels tricolores. Entre le 2 et le 8 juin 2020, les réservations sont reparties à la hausse, et de façon même vertigineuse. Paris enregistre une hausse de 63,3% des réservations sur ces sept jours. Le sud profite aussi de ce redémarrage : +55,7% de réservations en Corse, +66,3% dans le Sud-Ouest, et +69,1% pour la région PACA.
Si la reprise est bien là, il faut encore être prudent. Le taux de réservation reste en-dessous des chiffres de 2019. Et surtout, l’incertitude demeure pour la saison estivale. Les réservations de juillet-août tardent à venir.
« Vous nous avez manqué »
Dans les hôtels de luxe du groupe Accor, l’après-coronavirus se traduit par un cri du cœur. Le groupe déploie actuellement de nouveaux messages d’accueil sur les murs de ces halls. « Vous nous avez manqué » ou encore « On est heureux de se retrouver » apportent un peu de convivialité dans un environnement pourtant bien différent. Exit les codes habituels du luxe : l’heure est au respect des normes de santé.
Avec le déconfinement et la réouverture des hôtels de luxe, les modalités d’accueil évoluent. Signes au sol, distances à respecter, vitres en plexiglas à l’accueil, terminaux de cartes bleues recouverts de film plastique… Dans les hôtels de luxe aussi, les gestes barrières font à présent partie du quotidien. Les établissements doivent donc trouver des alternatives pour accueillir les clients dans les meilleures conditions. Si certains privilégient un check-in simplifié en ligne, d’autres, à l’instar du Grand Quartier, à Paris, ont opté pour une borne d’accueil digitale.
Les hôtels de luxe : conoravirus et nouvel aménagement des services
Depuis la crise du coronavirus, les hôtels de luxe ont mis en place un nouveau service. Les clients disposent désormais d’un kit sanitaire en chambre. Il comprend du gel hydroalcoolique, un masque et une paire de gants. Une nécessité, mais ce geste risque d’être insuffisant pour faire oublier les restrictions d’accès aux autres services.
Pour les hôtels de luxe qui disposent de salles de sport, les modalités de nettoyage sont très contraignantes. Chaque appareil doit être désinfecté avant et après chaque utilisation. Dans les restaurants et les bars des hôtels de luxe, les distances de sécurité sont aussi respectées. Certains établissements font l’impasse sur les buffets pour privilégier un service à table. Les solutions se mettent en place.
Le casse-tête des spas
Les choses sont plus compliquées pour les spas. Crise sanitaire oblige, l’encadrement des espaces d’eau est une priorité, mais les règles sont encore un peu floues. Les spas et les piscines doivent mettre en place un circuit. Ils doivent aussi limiter le nombre de personnes autorisées, mais ce nombre n’est pas encore établi. Les hammams n’ont pas encore le droit de rouvrir. L’usage des becs de cygnes est interdit, à cause du risque lié aux projections d’eau.
Avec une capacité d’accueil limité et des services sacrifiés, les hôtels de luxe ne sont pas certains que l’ouverture de leurs espaces d’eaux soient rentables. La durée d’application de ces restrictions n’est pas encore connue. Les bénéfices que génèrent habituellement les spas des établissements pourraient donc être limités, voire nuls, sur la période estivale.