|
|
|
|
Mal-aimée et incomprise, Marie-Antoinette a contribué à faire de Paris la capitale mondiale du luxe. La Conciergerie lui consacre une exposition jusqu’au 26 janvier.
Complexe et parfois polémique, le terme de « luxe » possède une part de magie incarnée par certaines personnalités de l’Histoire de France. C’est le cas de Marie-Antoinette, princesse autrichienne devenue reine de France et de Navarre entre 1774 et 1792.
« Trois fois par an, la garde-robe royale accueille 36 nouvelles tenues, auxquelles s’ajoutent des robes fonctionnelles pour ses grossesses ou pour la chasse. Les accessoires se multiplient : gants, collerettes, fichus, rubans… Marie-Antoinette donne le tempo des saisons de la haute couture. Fantaisistes, modernes, épurés, à la polonaise, à l’égyptienne, à la capricieuse ou à la laitière, la reine n’hésite pas à dessiner elle-même les vêtements de ses rêves. Le Tout-Paris se passionne pour cette égérie et les dames se ruinent pour suivre son rythme », rappelle le site Capital à l’occasion de l’exposition que la Conciergerie consacre à la reine autrichienne jusqu’au 26 janvier.
Défi à la fois ardu et palpitant que de rendre compte de la façon dont cette femme, longtemps mal-aimée, a contribué à faire de Paris la capitale mondiale du luxe en organisant une véritable industrie autour d’elle. Les joailliers Boehmer, Bassenge et Daguerre, le menuisier Georges Jacob, l’ébéniste Jean-Henri Riesener, les peintres Elisabeth Vigée-Lebrun et Hubert Robert, le parfumeur Jean-Louis Fargeon, le fabricant de soieries Jean Charton sont autant de créateurs dont la principale tâche consiste à saisir les intuitions de la reine pour les traduire en objets uniques exprimant un certain art de vivre à la française.
Chez la reine, cependant, le luxe n’est pas la simple accumulation d’objets rares et captivants. Ses accessoires expriment un caractère dont la portée politique est de plus en plus reconnue. Marie-Antoinette est une femme libre et autonome. Souveraine, elle l’est surtout par rapport à sa propre fonction royale, ce qui lui vaudra d’ailleurs un certain nombre d’ennuis.
Peu importe. La reine vit, aime, s’amuse, fascine. Elle est « éprise de liberté et croque la vie à pleines dents ». Si bien qu’elle est aujourd’hui considérée comme une féministe et une influenceuse avant l’heure. Alors qu’elle n’avait reçu, pendant son enfance, aucune éducation politique, elle affronte toute sorte d’attaques et manigances avec un courage dont ses ennemis la croyaient dépourvue. A partir de 1787, « Marie-Antoinette devient une autre femme, affirme l’historienne Evelyne Lever, et commence à jouer un vrai rôle politique ». Consciente du désamour des Français à son égard, la reine « va se battre avec l’énergie du désespoir ».
C’est avec dignité qu’elle fera face à la Révolution et prendra sa place dans l’Histoire. Marie-Antoinette, princesse autrichienne et reine de France, sera une femme aussi admirée que détestée, aussi inoubliable que insaisissable. Et si c’était cela, la définition du luxe (à la française) ?