|
|
« Mode et sport, d’un podium à l’autre » au musée des Arts décoratifs
Réagir à cet article
|
|
Le musée des Arts décoratifs de Paris saisit le prétexte de la perspective des Jeux olympiques de 2024 pour explorer le thème peu intuitif des relations entre mode et sport. Avec « Mode et sport, d’un podium à l’autre », la commissaire Sophie Lemahieu, conservatrice Mode et Textile en charge des collections après 1947, révèle au contraire les liens féconds existant entre ces deux disciplines.
À travers un parcours chronologique qui donne à voir vêtements, accessoires, photographies, croquis, magazines, affiches, peintures, sculptures, vidéos, l’exposition montre l’évolution des codes du vêtement sportif. Des corps quasi nus des athlètes antiques aux corps appareillés des sportifs d’aujourd’hui en passant par les costumes plus élégants que confortables du Moyen Âge et les tenues extrêmement sophistiquées des aristocrates au XVIIIe siècle, elle souligne que cette évolution s’accompagne d’une modification de la représentation des corps.
Entrecoupée de parties thématiques, l’exposition montre par exemple comment les espaces-temps à part que sont les baignades estivales ou les sports d’hiver ont renouvelé les habitudes. Une fois commis l’attentat à la pudeur et aux usages, l’aspect moulant du maillot de bain comme la partie pantalon de la combinaison de ski migreront dans le vestiaire quotidien des femmes.
L’émancipation des corps par le sport est d’ailleurs la problématique qui traverse les époques et les domaines abordés dans cette exposition. Elle met ainsi en valeur l’émancipation des corps des hommes qui au XIXe adoptent le maillot conçu pour jouer au football ou au rugby puis au XXe le fameux polo imaginé par René Lacoste pour jouer au tennis.
Mais l’émancipation par le sport touche aussi, et surtout, les corps des femmes. De la culotte pour les cavalières à la culotte bouffante des vélocipédistes, l’exposition montre comment la mode issue du monde du sport rend possible de nouveaux mouvements. De la jupe courte inspirée par la jupe plissée des championnes de tennis au maillot de bain deux-pièces emprunté à celles de natation, elle souligne aussi les libertés prises par rapport à la morale.
Ce processus d’émancipation qui parcourt les salles de l’exposition semble s’amplifier avec la démocratisation du sport au cours des siècles. Signe de distinction chez les aristocraties du XVIIIe, les vêtements raffinés deviennent plus confortables dans l’entre-deux-guerres avec l’invention du « sportswear » et l’intégration consciente du vêtement sportif dans le vestiaire quotidien.
Courant jusqu’à l’époque contemporaine, l’exposition explique à quel point ce phénomène s’appuyant sur la désirabilité des égéries sportives telles le footballeur Zinedine Zidane (Dior) ou la patineuse Surya Bonaly (Christian Lacroix) n’a cessé de s’amplifier. Aujourd’hui, comme le montre la dernière salle de l’exposition, les marques de sport sont même courtisées par les marques de luxe qui collaborent avec elles. Citons Lacoste et Freaky Debbie, Gucci et Adidas, ou encore Balmain et Puma.
L’exposition est visible jusqu’au 7 avril 2024.