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Développée depuis quelques années pour la beauté et les lunettes, la technologie de l’essaye virtuel est désormais au cœur des stratégies des marques de mode. Et pour cause : avec la crise sanitaire, les boutiques physiques sont délaissées. L’essayage en cabine devient problématique. Et pour relancer les ventes de mode, il faut commencer par convaincre les clients de revenir vers les enseignes. Un retour facilité par les essayages virtuels. Et les marques de luxe multiplient les idées innovantes pour faciliter ces achats à distance.
L’essayage virtuel au secours des magasins physiques
Depuis le déconfinement, les magasins de mode enregistrent une baisse vertigineuse de fréquentation. D’après des chiffres publiés le 8 juin dernier par Le Figaro, la fréquentation dans les boutiques de mode françaises aurait diminué de 59,8% par rapport à 2019. La défiance des consommateurs s’explique par un climat sanitaire encore incertain. Il souligne aussi un fait crucial : les enseignes de mode n’ont pas encore réussi à convaincre leurs acheteurs de revenir.
De fait les règles sanitaires sont contraignantes pour les boutiques de vêtements. Et certaines enseignes grand public ont fait le choix de supprimer purement et simplement l’accès aux cabines d’essayage. Un choix qui ne facilite pas l’acte d’achat en magasin. Les marques de mode de luxe parient donc sur l’innovation et les nouvelles technologies pour proposer désormais un essayage virtuel à leur clientèle.
Chanel et Asos, pionniers de l’essayage virtuel dans la mode
En début d’année 2020, avant même que la crise sanitaire n’éclate, plusieurs marques de luxe avaient déjà parié sur ces essayages virtuels. Elles ont ainsi pu prendre une longueur d’avance pendant le confinement.
La maison Chanel a ainsi déployé un programme d’essayage virtuel il y a quelques mois. Le programme, développé par Farfetch, est testé par la boutique de la rue Cambon. Il propose quatre cabines virtuelles. Les clientes connectées au programme ont ainsi accès à l’intégralité des collections Chanel pour leur shopping en ligne.
Chez Asos, la plateforme de vente en ligne, l’essayage virtuel fonctionne différemment. En début de session, la cliente est invitée à sélectionner le mannequin dont la morphologie est la plus approchante de la sienne. Et c’est ce mannequin qui anime ensuite la séance d’essayage.
Le Live Shopping des Galeries Lafayette, pour une expérience plus « humaine »
Les Galeries Lafayette font, elles, le pari du live shopping. Elles proposent aux clients une séance de shopping virtuelle par visioconférence. Le principe est simple : un personal shopper de l’enseigne offre un tour virtuel des rayons au client. Il l’accompagne dans ses achats, le conseille et répond à toute demande. L’idée n’est pas seulement de proposer la vente à distance, mais d’ajouter un service entièrement personnalisé pour replacer un élément humain dans l’acte d’achat.
Fait intéressant, le service d’achat à distance des Galeries Lafayette a été lancé pendant le confinement. Et il poursuit son activité, alors que l’enseigne a rouvert les portes de ses magasins depuis le 30 mai. Les Galeries Lafayette ne sont donc pas seulement dans une logique de vente, mais bien de reconquête de leur clientèle. Le levier digital est donc une étape nécessaire pour rassurer les clients et les convaincre de revenir petit à petit vers les magasins physiques.
Le télé-achat revu et corrigé par Tommy Hilfiger
L’idée de Tommy Hilfiger pour favoriser la vente à distance est tellement peu originale et qu’elle en est tout à fait audacieuse ! La marque de luxe américaine n’a pas hésité à faire revivre le vieux format du télé-achat pour rester connectée avec ses clients pendant le confinement. Pour donner un coup de jeune à ce format fatigué et vieillot, la marque a tout de même préféré investir sur un support moderne : l’Instagram TV. C’est donc sur la plateforme sociale que la marque a mis en ligne plusieurs vidéos de présentation d’article.
Grâce aux fonctionnalités de livestream de l’IGTV, les clients avaient la possibilité de poser des questions sur les articles présentés, de sélectionner les pièces qu’ils voulaient, et enfin d’effectuer leurs achats directement par Instagram. Et l’expérience a eu un effet marketing surprenant. Non seulement, Tommy Hilfiger est parvenu à faire le buzz autour de son support inattendu, mais il a aussi fédéré des clientes de différentes générations autour d’un canal d’achat simple d’utilisation. De quoi prouver que l’essayage virtuel n’est pas qu’une roue de secours. Il a au contraire toute sa place dans les stratégies marketing post-crise sanitaire.