L’état souhaite un renouvellement de l’actionnariat de la cristallerie de Baccarat, minée par un conflit entre ses actionnaires actuels et leurs créanciers, a déclaré mercredi la ministre Agnès Pannier-Runacher, deux jours après le placement sous administration provisoire de l’entreprise.
« Notre objectif, c’est de trouver des actionnaires qui redonnent de la sérénité à la gestion de cette entreprise, elle en a besoin », a affirmé la ministre déléguée chargée de l’Industrie, sur France-Bleu Sud Lorraine.
Evoquant ce « fleuron de l’industrie française », Agnès Pannier-Runacher a décrit une « situation exceptionnelle » : « l’actionnaire a fait faillite en Chine et ses dirigeants ont disparu ».
Elle s’est réjouie de la décision du Tribunal de commerce de Nancy qui a nommé lundi deux administrateurs provisoires, l’un nancéien, l’autre parisien, avec pour mission d' »assurer la gestion, la direction et l’exploitation complète de la société ». Ils devront également établir un diagnostic de la situation financière et juridique de la cristallerie.
« Avec la nomination de deux administrateurs, il va y avoir des dirigeants qui vont pouvoir prendre des décisions », a estimé la ministre. « C’est plutôt une bonne nouvelle pour la cristallerie, ça va lui permettre de redémarrer sur de bonnes bases ».
Depuis le 20 juin 2018, Baccarat était contrôlée par Fortune Fountain Capital (FFC). Selon l’ordonnance du Tribunal de commerce de Nancy, FFC était détenue par trois investisseurs chinois, Anne Liangping Wang, Coco Chu et Zhen Sun, alias Jack Sun, qui se sont endettés pour acquérir Baccarat. Jack Sun exerçait les fonctions de PDG de Baccarat jusqu’à la décision du Tribunal de commerce de Nancy.
Selon le tribunal, FFC, incapable d’honorer ses lourdes dettes, a fait l’objet d’une liquidation judiciaire le 27 juillet 2020. Les créanciers des actionnaires chinois avaient donc demandé le non-renouvellement d’une partie du conseil d’administration de Baccarat et la désignation de trois nouveaux administrateurs.
Face au refus exprimé par la direction de Baccarat, ils avaient saisi en référé le Tribunal de commerce de Nancy, qui a donc nommé ces administrateurs provisoires « dans l’intérêt de la société anonyme Baccarat, fleuron de l’industrie française qu’il convient de préserver ».
Dans un communiqué, l’entreprise souligne qu’elle ne fait pas l’objet d’une procédure de sauvegarde ou de redressement judiciaire. « Baccarat dispose des fonds nécessaires à son exploitation et paye ses fournisseurs et créances comme à l’accoutumée », précise-t-elle.
L’entreprise indique avoir cloturé l’exercice 2019 avec un chiffre d’affaires de 164 millions d’euros, en hausse de 8,7%, et une trésorerie de 26,09 millions d’euros.
Joyau du patrimoine lorrain, la cristallerie, créée par le roi Louis XV en 1754, emploie 1.000 salariés à travers le monde dont 126 à Paris et 510 sur le site de Baccarat, en Meurthe-et-Moselle.