Le dernier site de transformation de tabac en France, situé à Sarlat en Dordogne, va fermer ses portes à l’automne, victime de la crise qui touche le secteur, ont indiqué mercredi direction et syndicat.
France Tabac, qui emploie encore 33 salariés, arrêtera son activité fin octobre, a indiqué à l’AFP Eric Tabanou, directeur général d’un site « en sursis depuis presque dix ans ».
Implantée depuis 1985 dans le fief français de la production de tabac Burley, l’usine sèche et transforme des feuilles de tabac à destination du marché de la chicha et des cigarettes haut de gamme.
« C’est une page de notre histoire agricole qui se tourne », a déploré le maire de Sarlat, Jean-Jacques de Peretti, interrogé par la radio France bleu Périgord, évoquant une filière « complètement en déshérence ».
L’usine, qui a employé jusqu’à 250 personnes, était sur le déclin depuis plusieurs années et a déjà connu trois plans sociaux en dix ans (2011, 2014 et 2016). En cause: la concurrence mondiale, l’arrêt de subventions européennes et la baisse de la production qui frappent l’ensemble de la filière depuis plusieurs années.
« Avec ces problèmes de compétitivité, la situation était devenue inextricable », a assuré à l’AFP François Vedel, porte-parole de la fédération nationale des producteurs de tabac.
Selon M. Vedel, le site espérait une « bouffée d’oxygène » grâce à la signature l’an dernier d’un accord avec le groupe allemand Alliance One International pour transformer du tabac venu de l’étranger, accord qui n’a pas été reconduit, scellant ainsi le sort de l’usine et de ses salariés qui seront licenciés.
« C’est la chronique d’une mort annoncée », a déploré Laurence Thomas, déléguée FO, sur France bleu, inquiète pour la reconversion de salariés aux « compétences très spécifiques à l’usine ».
Selon Eric Tabanou, une partie de la production française qui alimentait l’usine sera transformée à l’étranger, notamment en Croatie. « C’est un énorme gâchis », a-t-il déploré.
« C’est un nouveau coup dur pour la filière du tabac », a encore réagi auprès de l’AFP Laurent Testut, président de la coopérative Périgord Tabac qui regroupe quelque 180 producteurs sur 250 hectares de plantations. « On paie cash les politiques de santé publique », a-t-il lâché.
La dernière fabrique de cigarettes en France, la Seita, qui était située à Riom (Puy-de-Dôme), a disparu en 2017.