Des peines de deux et trois ans de prison ferme, assorties d’amendes de 200.000 et 300.000 euros, ont été requises mercredi à Paris à l’encontre de deux hommes soupçonnés d’avoir coordonné un vaste réseau de contrefaçon de sacs Hermès entre 2008 et 2012.
Après trois semaines d’audience, la procureure a souligné dans son réquisitoire « l’ampleur » de ce dossier, qui implique 26 personnes de 29 à 86 ans dont neuf ancien salariés d’Hermès – deux seront jugés ultérieurement du fait du coronavirus.
La magistrate a dépeint un « réseau international structuré, hiérarchisé » où chacun s’est vu « attribuer une mission précise » pour « servir une clientèle exigeante », qui achetait les « vrais-faux » sacs du modèle « Birkin » environ 18.000 euros.
Elle a décrit les « étapes » de fabrication: un maroquinier parisien achetait auprès du fournisseur italien d’Hermès des peaux de crocodile, ensuite vendues à un ancien salarié du groupe résidant à Hong-Kong.
Ce dernier était approvisionné en kits de bijoux contrefaits par une entreprise basée dans les Yvelines, selon la procureure. L’assemblage des sacs a débuté à Hong-Kong pendant environ un an, avant d’être « relocalisé » en 2012 en France.
Un « véritable atelier clandestin » y était géré dans le Rhône par un autre ex-salarié d’Hermès qui démarchait des employés en activité pour travailler sur leurs congés ou arrêts-maladie, selon l’accusation. Enfin, les sacs étaient notamment revendus à deux Russes et une Chinoise, qui les commercialisaient en Europe de l’Est et en Asie.
Ce réseau avait « des méthodes qui relèvent à la fois de logiques entrepreneuriales » et « du banditisme », a estimé la magistrate, soulignant, au-delà du préjudice de la partie civile, les « recettes sociales et fiscales perdues ».
Elle a reconnu ne pas pouvoir chiffrer « avec certitude » le bénéfice généré mais a avancé l’estimation de 19 millions d’euros par an pour un millier de sacs.
A l’encontre des deux « organisateurs », elle a requis 4 ans d’emprisonnement dont un avec sursis et 300.000 euros d’amende, ainsi que 4 ans dont 2 avec sursis et 200.000 euros d’amende.
Pour trois « intermédiaires », sept « façonneurs », cinq « fournisseurs », trois « acheteurs » et deux personnes soupçonnées de blanchiment et recel, elle a demandé des peines allant d’une amende de 4.000 euros à deux ans dont un avec sursis et 200.000 euros d’amende.
Un autre « réseau local », avec les mêmes fournisseurs, était organisé autour d’un artisan de Seine-Maritime et d’un revendeur notamment, à l’encontre de qui la procureure a requis 30 mois de prison dont 24 avec sursis et 10 mois avec sursis, ainsi que des amendes.
Les plaidoiries de la défense sont prévues jusqu’au 10 décembre.
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