Château Angélus, l’un des quatre premiers grands crus classés A de Saint-Emilion, va désormais cultiver l’intégralité de ses 42 hectares de vignoble selon les principes de l’agriculture biologique, premier de sa catégorie à se convertir au bio.
« La décision a été annoncée ces derniers jours, il ne s’agit pas d’une révolution, plutôt de l’aboutissement logique d’une longue démarche d’agriculture raisonnée menée depuis plus de 10 ans », a déclaré à l’AFP la directrice générale du prestigieux vignoble, Stephanie de Boüard-Rivoal.
Avec Cheval Blanc, Ausone et Pavie, Château Angélus est l’un des quatre Premiers grands crus classés A de Saint-Emilion, sur la rive droite de Bordeaux.
Son millésime 2015, vendu 360 euros la bouteille, a obtenu un 19/20 dans le guide 2018 Bettane et Desseauve qui le place dans les 100 meilleurs vins français « à garder ».
« On n’est jamais à l’abri des risques climatiques, car la nature est aléatoire, mais nous avons acquis une expérience depuis deux ans en culture bio dans le domaine voisin de Bellevue qui nous donne un peu de recul, et nous nous tenons prêts à analyser tous les effets du climat avec humilité sur notre vigne » et les sols, a dit la jeune femme, huitième de la famille depuis 1782 à diriger la propriété.
Alors que le processus de conversion pour obtenir le label bio prend en général trois ans, Château Angélus se laisse « quatre à cinq ans » avant son premier vin bio.
Pour Nicolas de Rouyn, rédacteur en chef du guide Bettane et Desseauve, d’autres grands vignobles devraient suivre « dans des délais assez rapprochés »: « Les marchés matures d’exportation, tels le nord de l’Europe, le Japon ou les Etats-Unis, demandent du bio » a-t-il dit à l’AFP.
« Il est possible que d’autres viticulteurs de Saint Emilion mènent une démarche similaire », limitant le recours aux intrants chimiques, « en toute discrétion, et sans faire d’annonce », a d’ailleurs souligné Mme Deboüard-Rivoal.
Dans les autres grands vins du Bordelais, Château Latour, un pauillac premier cru classé, et Château Margaux sont aussi en conversion bio, Château Climens, un Sauternes Barsac est en biodynamie, a relevé M. de Rouyn.
« La plupart des grands dégustateurs estiment que les raisins bio donnent des vins qui ont un peu plus de profondeur et un peu plus de fruit que dans l’agriculture conventionnelle » a-t-il souligné, en saluant la démarche de « retour au sol » de Château Angélus.
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LVMH – MOET HENNESSY LOUIS VUITTON