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Swissmem, la fédération qui regroupe l’industrie des machines en Suisse, s’est dite préoccupée par l’économie allemande mais aussi par la force du franc suisse et a appelé mercredi la Banque nationale suisse (BNS) à intervenir pour atténuer la pression sur sa monnaie.
Au premier semestre, le chiffre d’affaires global du secteur des machines, des équipements électriques et des métaux n’a reculé que de 1,9% en rythme annuel, les entreprises continuant de traiter les commandes déjà engrangées.
Mais les nouvelles commandes ont chuté de 12,5% sur la période, s’est inquiétée cette organisation patronale lors d’une conférence à Zurich, la baisse étant particulièrement marquée au deuxième trimestre.
Entre avril et fin juin, elles se sont contractées de 19,5%, le « plus grand recul des entrées de commandes depuis la crise financière il y a 10 ans », a souligné Stefan Brupbacher, directeur de Swissmem.
« Globalement, la situation est très préoccupante », a-t-il déclaré lors d’une conférence semestrielle faisant le point sur les perspectives du secteur.
Depuis le début d’année, les facteurs d’insécurité se sont « malheureusement confirmés » et même accrus, a-t-il ajouté, évoquant à la fois les incertitudes autour du Brexit, le conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine mais aussi la situation de l’économie allemande, en proie à un risque de récession au troisième trimestre.
L’Allemagne, premier partenaire commercial de la Suisse, absorbe à elle seule 27% des exportations de ce secteur clef pour l’économie helvétique. Or, au premier semestre, elles se sont déjà contractées de 4,6%, a relevé M. Brupbacher.
Mais il s’est également dit préoccupé par le net raffermissement du franc suisse. Comme le yen japonais, l’or, le pétrole ou les emprunts allemands, le franc suisse fait partie des valeurs refuges derrière lesquelles se retranchent les investisseurs dans les phases d’incertitudes sur les marchés. Depuis fin avril, la monnaie suisse s’est appréciée de quelque 4,2% face au dollar et de près de 5% par rapport à l’euro.
« Swissmem exige que la BNS soit active et qu’elle prenne toutes les mesures judicieuses pour affaiblir le franc », a martelé M. Brupbacher, appelant à se préparer à « des périodes turbulentes » du point de vue économique.
Le secteur des machines, des équipements électriques et des métaux est le deuxième poste exportateur suisse, derrière celui de la chimie et de la pharmacie mais devant l’horlogerie. En 2015, il avait été durement touché par l’envolée du franc suisse, qui avait fait enfler ses coûts de production et miné sa compétitivité en renchérissant ses prix à l’export.
Les exportations avaient alors chuté de 6,9%, à 31 milliards de francs suisses (28 milliards d’euros à taux actuels), pour l’industrie des machines et de l’électronique et de 5,5%, à 11,7 milliards, pour l’industrie métallurgique, avant de se redresser peu à peu au fur et à mesure du reflux du franc suisse. En 2018, elles avaient de nouveau franchi la barre des 33,5 milliards pour les machines et des 14,3 milliards pour la métallurgie.