Vint-six personnes, dont neuf anciens salariés d’Hermès, sont jugées à Paris depuis lundi pour avoir participé à un réseau de confection et de vente de sacs contrefaits entre 2008 et 2012, en France et à Hong-Kong.
Les prévenus, âgés de 29 à 86 ans, sont soupçonnés d’avoir contribué à la fabrication ou à la commercialisation de faux sacs « Birkin » – modèle le plus vendu de la marque de luxe – ou profité de l’argent tiré de ce commerce illégal. La plupart d’entre eux ont reconnu les faits.
Les investigations, débutées en 2011 après une plainte d’Hermès, ont mis au jour un « réseau international » de contrefaçon.
Le gérant d’une maroquinerie parisienne achetait auprès du fournisseur italien d’Hermès des peaux de crocodile « de qualité numéro trois », soit inférieure à celles utilisées par le sellier de luxe.
Les peaux étaient ensuite vendues à un ancien salarié du groupe, licencié en 2005, qui résidait à Hong-Kong. Ce dernier était approvisionné en bijoux de sacs contrefaits par une entreprise basée dans les Yvelines, chez qui des milliers de pièces ont été saisies par les gendarmes.
La manufacture des faux sacs a débuté à Hong-Kong avant de se poursuivre en 2012 en France. Un « véritable atelier clandestin » y était géré par un autre ex-salarié d’Hermès qui démarchait des employés en activité pour travailler sur leurs congés ou arrêts-maladie.
Enfin, selon les enquêteurs, les sacs étaient notamment revendus à deux Russes et une Chinoise, qui les commercialisaient en Europe de l’Est et en Asie.
Sur l’une des années concernées, il a été estimé que le trafic pouvait avoir généré 18 millions d’euros – un sac contrefait de ce type se vendant en moyenne 18.000 euros.
Les comptes chypriote du gérant parisien prévenu ont montré qu’il avait gagné 2,7 millions d’euros entre 2008 et 2012.
Des machines-outils, des fers à dorer, des notices de sacs, des dizaines de faux « Birkin » et des centaines de peaux ont été retrouvés chez les suspects, ainsi que de l’argent – l’un des anciens salariés avait notamment enterré 92.000 euros dans un champ.
Un deuxième « réseau local » était organisé autour d’un artisan de Seine-Maritime, qui a admis avoir fabriqué 455 sacs contrefaits depuis 1998. Il ne s’était rattaché que récemment au fournisseur principal du premier réseau.
Lundi, le tribunal a rejeté les demandes de renvoi formulées pour raisons sanitaires par la défense ainsi que la partie civile. Le véritable début du procès est suspendu à la décision mardi du tribunal sur différents recours.
En septembre, dix personnes, dont sept anciens salariés d’Hermès, ont été condamnés à des peines allant de six mois de prison avec sursis à trois ans dont deux ferme, pour avoir participé à la fabrication ou à la vente de sacs « Birkin » contrefaits en 2013 et 2014.
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