Récolter les tiges du lotus et en extraire les fils pour fabriquer un tissu éco-responsable, rare et recherché: un pari relevé par une tisseuse au Vietnam pour protéger l’environnement et créer des emplois.
Dans un champ inondé à la périphérie de Hanoï, Phan Thi Thuan, 65 ans, passe de longues heures à ramasser les tiges fanées de la plante qui endommagent les sols et attirent quantité d’insectes nuisibles.
De retour dans son petit atelier, elle les casse, extrait délicatement les filaments avant de les enrouler et de les tisser dans un métier traditionnel.
Le travail est intensif et fastidieux: une grande écharpe dans ce tissu, baptisé « soie de lotus », nécessite plus de 9.000 tiges et prend deux mois à confectionner.
Mais pour Thuan, qui tisse depuis l’âge de six ans, le labeur en vaut la peine.
« Cela me permet de créer du travail et de faire quelque chose pour l’environnement », en nettoyant les champs, explique-t-elle.
Elle emploie habituellement une vingtaine d’ouvrières. Mais à certaines périodes de l’année, notamment pendant la saison touristique qui attirait avant l’épidémie de coronavirus des millions de visiteurs, elle débauche des centaines de petites mains qui tissent dans leur maison.
Les bénéfices ne sont pas négligeables. Si un foulard en soie ordinaire se vend une vingtaine de dollars, une écharpe en soie de lotus peut rapporter plus de dix fois plus.
Également fabriquée en Birmanie et au Cambodge, ce tissu est devenu un produit recherché par les marques de haute couture et se vend à Rome, Paris, New-York ou encore Tokyo.
Le projet de Thuan est soutenu par le gouvernement vietnamien qui a lancé une expérimentation au niveau national pour tenter de développer davantage cette technique de fabrication.