Bijoux, yachts, voitures de course et appartements luxueux font partie du circuit de blanchiment des centaines de milliards de livres d’argent sale au Royaume-Uni, qui transitent aussi par des banques et multiples intermédiaires britanniques, selon une étude de Transparency International.
« Le Royaume-Uni est une plateforme pour l’argent de la corruption du monde entier », constate l’association de lutte contre la corruption dans un rapport publié jeudi.
Cet argent du crime « est acquis avec l’aide de sociétés enregistrées au Royaume-Uni et dans ses centres financiers offshores, investi ici dans des propriétés immobilières luxueuses, utilisé pour accéder à des institutions prestigieuses » comme les universités les plus cotées ou les instances culturelles qui donnent du statut aux donateurs, poursuit ce rapport.
« Si le montant exact d’argent sale qui entre au Royaume-Uni est difficile à quantifier, l’agence nationale du Crime (NCA) estime que plus de 100 milliards de livres de fonds illicites ont un impact sur notre économie chaque année », continue Transparency International.
Les services financiers de la puissante City de Londres jouent un rôle capital dans le transit de cet argent, comme le montre l’étude, qui a notamment passé en revue 400 cas de corruption où des services financiers britanniques ont été impliqués dans le blanchiment d’au moins 325 milliards de livres issus de marchés truqués, pots-de-vin, détournements de fonds, etc.
Le rapport constate que 421 propriétés valant 5 milliards de livres au total ont été achetées « avec des fortunes suspicieuses » et que ce n’est que « la partie émergée de l’iceberg » car « 87.000 propriétés en Angleterre et au Pays-de-Galles appartiennent à des entreprises enregistrées dans des juridictions qui pratiquent le secret bancaire ».
Il pointe en outre les achats de yachts, de bijoux, de voitures de luxe ou les recours à jets privés, sans compter des vêtements ou accessoires hors de prix chez Harrods ou une loge à Stamford Bridge, le stade du club de football londonien de Chelsea.
L’ONG reconnait que ces circuits de blanchiment « sont de plus en plus admis par les politiciens et les entreprises, ce qui représente un pas vers des actions » pour lutter contre ce fléau.
Elle préconise dix recommandations pour barrer la route aux individus et entreprises qui font circuler et blanchissent leur argent au Royaume-Uni et dans ses territoires.
D’une part, la levée du secret bancaire ou de propriété dans les territoires britanniques où il se pratique encore, à l’instar des Iles Vierges, ou inciter les institutions prestigieuses comme les universités ou les musées à définir des règles éthiques pour accepter des fonds ou les refuser, publier les noms de leurs donateurs, etc.
Renforcer la responsabilité légale des entreprises et des personnes serait aussi une incitation forte à plus de rigueur dans la vérification de l’origine des fonds.