|
|
Malgré un contexte international turbulent, les performances du secteur du luxe sont toujours insolentes. Le luxe brave les intempéries et reste une valeur refuge.
+ 15 % pour Hermès, + 11,6 % pour Kering, + 11 % pour LVMH… Les chiffres de l’évolution en organique (à taux de change constants) sur un an le confirment : malgré les tensions géopolitiques internationales, le luxe français reste en pleine forme.
« Nos ventes ont à nouveau enregistré une forte croissance ce trimestre, et toutes nos activités y ont contribué », s’est félicité Kering dans un communiqué daté du 24 octobre. Le groupe affiche en effet un chiffre d’affaires de 3 884,6 millions d’euros. Si la croissance de Gucci sur le trimestre reste « très saine » (+ 13,3 % en données publiées), elle est « toujours soutenue » chez Yves Saint Laurent (+ 13 %). Légèrement inférieure (+ 9,8 % en données publiées), la croissance des ventes de Bottega Veneta n’en est pas moins « encourageante ».
« Face à un environnement mondial de plus en plus complexe, nous sommes pleinement confiants dans notre capacité à réaliser des performances soutenues dans la durée », affirme pour sa part François-Henri Pinault.
Le contexte, en effet, n’est pas des plus favorables. Etablie à + 6 % au troisième trimestre, la croissance de la Chine a atteint son plus bas niveau depuis vingt-sept ans. Or, l’empire du Milieu représente un tiers des dépenses du luxe mondial et devrait atteindre 41 % en 2025, selon Bain&Co.
Pendant ce temps, les tensions politiques ont fait chuter de 50 % le nombre de touristes à Hong-Kong. Sans oublier les inquiétudes que l’embargo saoudien contre le Qatar continue de susciter ou les incertitudes liées à l’interminable feuilleton du Brexit et au ralentissement allemand.
Des performances qui s’expliquent par un savoir-faire intemporel
Et pourtant… L’optimisme est également de mise chez Hermès, où les ventes ont particulièrement bondi grâce à l’Asie. D’après un communiqué diffusé le 24 octobre, le chiffre d’affaires consolidé du groupe à fin septembre 2019 s’élève à 5 012 millions d’euros, soit une progression de 13 % à taux de change constant. La croissance est en outre « particulièrement soutenue » au troisième trimestre (+ 15 % à taux de change constant) et bénéficie « de la poursuite d’une dynamique solide dans toutes les zones géographiques ».
« Malgré un environnement international incertain, Hermès connaît depuis neuf mois une croissance exceptionnelle de ses ventes, qui témoigne de l’élan créatif de la maison, de l’excellence de ses savoir-faire et de l’adhésion de ses clients », se félicite Axel Dumas, gérant d’Hermès.
L’insolente bonne santé du luxe français est en effet le fruit d’une politique de long terme « axée sur le savoir-faire et l’intemporalité », estime Serge Carreira, maître de conférences « mode et luxe » à Sciences po. Pour le spécialiste, il s’agit de « valeurs refuge » susceptibles de rassurer dans les périodes de tension commerciale.
Le caractère international (qui permet de compenser les faiblesses d’un marché par la meilleure santé des autres) et la diversification produit sont les autres atouts du secteur. Ce n’est pas un hasard si le groupe LVMH veut acheter les diamants de l’américain Tiffany & Co pour 13 milliards d’euros. Ce serait l’opération la plus importante jamais menée par le groupe et en ferait le leader mondial dans le secteur de la joaillerie.
En attendant, le champion tricolore publie des chiffres aussi bons que ses concurrents : + 11 % de ses ventes au troisième trimestre et un chiffre d’affaires de 38,4 milliards d’euros sur les neuf premiers mois de 2019 (+ 11 % de croissance organique par rapport à la même période de 2018). « LVMH compte sur le dynamisme de ses marques et le talent de ses équipes pour renforcer encore en 2019 son avance sur le marché mondial du luxe ». Vous avez dit optimisme ?