Les tensions franco-italiennes sur la gouvernance du géant de l’optique EssilorLuxottica continuent: le PDG Leonardo Del Vecchio veut déléguer certaines fonctions à son bras droit, mais le camp français s’y oppose, a appris jeudi l’AFP de sources proches du dossier.
M. Del Vecchio « ne peut pas modifier la gouvernance sans l’accord des deux parties, il ne peut pas déléguer des pouvoirs sans l’autorisation du conseil d’administration », a indiqué à l’AFP une source proche du camp français.
S’il donnait un plus grand rôle à son bras droit Francesco Milleri, M. Del Vecchio irait à l’encontre du principe d’égalité des pouvoirs avec le vice-PDG délégué d’EssilorLuxottica et PDG d’Essilor Hubert Sagnières, qui est prévu par les accords de fusion, a ajouté cette source.
Mercredi, à la suite de la multiplication d’articles de presse relatant une lutte de pouvoir au sein du groupe, l’entourage de M. Del Vecchio avait tenté d’arrondir les angles en assurant qu’il ne chercherait pas à imposer M. Milleri comme futur directeur général d’EssilorLuxottica.
Mais le PDG, âgé de 83 ans, a toujours le « désir de déléguer des fonctions opérationnelles » à M. Milleri, tout en « respectant » les accords conclus avec Essilor et le processus de recherche paritaire d’un nouveau directeur général, avait alors expliqué à l’AFP une source italienne.
Une réunion du conseil d’administration du groupe devrait bien se tenir lundi prochain à Paris, a encore appris l’AFP, confirmant une information du Journal du Dimanche. Cependant il n’est pas certain qu’EssilorLuxottica, muet depuis quelques jours, s’exprime à son issue.
Des dissensions sur la gouvernance du groupe avaient déjà éclaté au grand jour en novembre dernier, un mois à peine après la fusion des deux sociétés.
M. Del Vecchio, fondateur et patron de Luxottica connu pour son caractère bien trempé, avait alors déclaré qu’il entendait proposer « immédiatement » M. Milleri à la direction générale du nouvel ensemble, alors qu’un comité paritaire est chargé de ce recrutement, en interne ou à l’externe, d’ici fin 2020.
Le PDG, par ailleurs premier actionnaire d’EssilorLuxottica, avait dû nuancer ses propos à la première assemblée générale du groupe quelques semaines plus tard, en affirmant qu’il n’avait fait qu’exprimer ses « désirs pour l’avenir ».
Des problèmes durables de gouvernance pourraient retarder l’intégration balbutiante des activités d’Essilor, géant mondial des verres ophtalmiques, et de Luxottica, champion des montures de marques (Prada, Chanel, Ray-Ban…), redoutent quant à eux analystes et investisseurs.
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