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La Commission de la concurrence (Comco) en Suisse ne va plus imposer d’obligation de livraison à la filiale de Swatch Group spécialisée dans les mouvements horlogers, a-elle annoncé mercredi, estimant cependant qu’elle reste « en position dominante ».
« Après un examen approfondi du marché des mouvements mécaniques », l’autorité suisse de la concurrence a décidé de n’imposer « aucune nouvelle obligation de livraison ou restriction de livraison » au groupe Swatch, a-t-elle indiqué dans un communiqué.
Les obligations qui s’imposaient à ETA SA Manufacture Horlogère Suisse (ETA) sont au coeur d’un bras de fer depuis de nombreuses années entre le groupe Swatch et ses concurrents dans un dossier aux multiples rebondissements surnommé « la guerre des mouvements ».
Connu pour ses montres en plastique multicolore, le groupe Swatch est également un des grands fabricants de composants horlogers. Ses filiales dans la production fabriquent aussi bien des aiguilles que des cadrans ou boîtiers de montres. Sa filiale ETA est, elle, spécialisée dans la fabrication de mouvements, qui regroupent un ensemble de pièces centrales pour la fabrication de montres mécaniques, souvent comparé au coeur de la montre.
Compte tenu de sa position dominante sur ce marché, voire de quasi-monopole sur certains composants, Swatch Group avait l’obligation au terme d’un premier accord avec la Comco de livrer l’ensemble du secteur sur certaines pièces, y compris ses concurrents, ce qu’il contestait.
Au terme d’une longue enquête, un nouvel accord avait été conclu en 2013 avec l’autorité de la concurrence. Il prévoyait une réduction échelonnée des livraisons jusqu’à la fin de l’année 2019 afin de laisser le temps à la concurrence de s’organiser pour ses approvisionnements.
La Comco s’était réservée le droit de ré-examiner la situation pour faire l’état des lieux de la concurrence à cette échéance et décider d’une éventuelle prolongation ou non de ces obligations.
En décembre, la Comco avait toutefois pris des mesures provisionnelles, se laissant jusqu’à l’été 2020 pour statuer en raison de retards dans la procédure dans ce dossier épineux.
Au terme d’une enquête durant laquelle elle a interrogé environ 200 fabricants de montres et de mouvements, la Comco est parvenue à la conclusion que la concurrence s’est développée « dans une large mesure comme attendu » et a suspendu ces obligations.
Cette décision peut faire l’objet d’un recours auprès du tribunal administratif fédéral, a-t-elle néanmoins précisé.
Sellita, le principal concurrent d’ETA, « offre des alternatives comparables » tant en termes de prix que de quantité et de qualité et une partie des horlogers qui se fournissaient auprès d’ETA ont depuis développé leurs propres outils de production, a noté la Comco dans le dossier détaillant sa décision.
De surcroît, « le problème de la pénurie de 2013 n’existe plus », a-t-elle souligné, la demande pour les mouvements mécaniques ayant entre-temps « considérablement diminué ».
L’accord amiable conclu à l’époque était intervenu alors que l’horlogerie suisse connaissait une phase d’expansion spectaculaire grâce à l’appétit des consommateurs chinois pour les produits de luxe.
Mais la croissance s’était brutalement arrêtée après une série de revers pour le secteur, dont l’introduction de mesures de lutte contre la corruption en Chine interdisant les cadeaux extravagants. Les exportations horlogères avaient alors connu deux années de creux en 2015 et 2016, avant de renouer avec une croissance plus modérée jusqu’à la pandémie de Covid-19 qui a secoué le secteur.
« Nous avons pris connaissance de la décision de la Comco », a indiqué un porte-parole de Swatch Group dans un courriel à l’AFP, précisant que le groupe attend « maintenant de recevoir les considérations finales ».
noo/cf/etr
THE SWATCH GROUP AG