Le groupe chinois Icicle a été désigné vendredi par le tribunal de commerce de Paris pour reprendre la maison de couture Carven, en difficulté financière, grâce à une offre « mieux disante » par rapport aux autres candidats, a indiqué à l’AFP un des avocats de la marque française.
La société Beranger, holding de Carven – détenue aux deux tiers par le distributeur hongkongais Bluebell depuis 2016 – avait demandé en mai dernier son placement sous sauvegarde, une procédure semblable au redressement judiciaire.
Vendredi, le tribunal de commerce a désigné le groupe chinois Icicle, qui avait l’offre « incontestablement la mieux disante », a indiqué Me Patrick Atlan, avocat de la maison Carven.
Sept offres avaient été déposées. Icicle propose de reprendre 72 salariés, soit la quasi-totalité du personnel (l’une des rares exceptions étant le directeur artistique). Il a mis sur la table un peu plus de 6,5 millions d’euros pour la reprise, et s’est par ailleurs engagé à investir 8 millions pour relancer l’activité.
Icicle Group (fondé en 1997) et sa marque de vêtements haut de gamme Icicle sont présents sur le territoire français depuis 2013 via un centre de design, Icicle Paris. La marque met en avant son utilisation « à 99% » de matières naturelles (coton, soie, laine, lin) et de teintures issues de plantes.
Carven ne dépose plus ses comptes auprès du greffe depuis deux ans. Pour l’exercice 2015, la société avait réalisé un chiffre d’affaires de 49 millions d’euros, pour un bénéfice net de 67.000 euros.
La maison a été fondée en 1945 par Carmen de Tommaso, qui s’était rebaptisée Carven et est décédée en 2015 à l’âge de 105 ans. Soucieuse d’habiller les femmes petites comme elle, la créatrice s’était fait connaître par son style frais et joyeux, incarnant le chic insouciant de l’après-guerre.
Carven avait peu à peu délaissé la couture pour se recentrer sur le prêt-à-porter. A la tête de la direction artistique entre 2009 et 2014, le designer Guillaume Henry avait modernisé la marque tombée dans l’oubli, mais ses successeurs n’ont pas réussi à pérenniser cette relance.
L’entité parfums et cosmétiques de la marque, Carven Parfums, n’est pas concernée par la procédure. Elle est détenue depuis 2010 par la société Jacques Bogart. En 2017, une augmentation de capital d’un montant de 902.000 euros avait été décidée, pour recouvrir la perte équivalente enregistrée sur l’exercice 2016, au cours duquel le chiffre d’affaires avait atteint 4,5 millions d’euros.
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JACQUES BOGART