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Les Carnets du Luxe vous invitent souvent à vous rendre dans des expositions consacrées à des créateurs de mode. Leurs réalisations, parce qu’elles associent savoir-faire d’excellence et originalité artistique, trouvent en effet leur place dans nos grandes institutions dédiées à la culture et aux arts. Reconnus comme des créateurs à part entière, les grands stylistes n’hésitent pas à s’inspirer des grands chefs-d’œuvre et notamment de la peinture. Nous vous présentons aujourd’hui trois robes issues de tableaux.
La plus célèbre
La robe née d’une peinture la plus connue et sans nul doute le modèle imaginé par Yves Saint Laurent en hommage à Piet Mondrian. Réalisée pour sa collection Haute Couture automne-hiver 1965, cette série de robes (car il y en eut en réalité plusieurs) rencontra un immense succès et contribua à lancer le styliste. Simplement nommée « robe Mondrian », cette robe droite ne se contente pas de reprendre l’esthétique néoplastique composée de lignes noires et d’aplats de couleurs primaires inventée par le peintre abstrait. La modernité de sa coupe témoigne de la fine connaissance que Saint Laurent avait de l’œuvre de l’artiste. Passionné de peinture au point de constituer avec son compagnon Pierre Bergé une importante collection d’œuvres, Saint Laurent a su comprendre la force visuelle de cet univers géométrique mais il fut surtout assez audacieux pour oser l’adapter au courbes féminines.
La plus fashion
La robe la plus fashion inspirée d’un tableau est très certainement celle conçue par Gianni Versace en l’honneur d’Andy Warhol. Présentée à l’occasion du défilé printemps-été 1991, cette robe fourreau fait en effet se rencontrer deux icônes puisque c’est le célèbre mannequin Naomi Campbell qui porte la robe à l’effigie de l’actrice adulée par l’Amérique: Marilyn Monroe. Pour créer sa robe, le styliste a emprunté à la sérigraphie réalisée par Warhol en 1967, et le procédé de répétition, et la bichromie. Très « Marilyn » par sa coupe en décolleté plongeant, elle est donc également très « warholienne » par ses motifs : une multitude de visages de l’actrice en deux couleurs. Cette collection fut si appréciée que Donatella Versace, la sœur du styliste, l’a rééditée après sa mort à l’occasion de son défilé printemps-été 2018, la déployant sur d’autres pièces comme des sacs à main ou des combinaisons.
La plus décalée
La robe issue de la peinture la plus décalée est peut-être celle conçue par le styliste Phoebe Philo d’après une œuvre d’Yves Klein. Conçue pour la collection prêt-à-porter printemps-été 2017 de Celine elle reprend les « Anthropométries de l’époque bleue » qui sont le résultat des performances données par l’artiste dans les années soixante. Il propose alors un retour à la figuration mais décide, pour éviter la représentation, de ne pas imiter l’aspect du corps à l’aide d’un pinceau, mais de l’utiliser directement comme pinceau. Les tableaux de cette époque présentent ainsi des traces de corps de femmes qui sont venues se coller à la surface après s’être enduites de couleur. En appliquant ces empreintes sur ses propres robes le styliste britannique opère donc un véritable détournement puisque ce sont les femmes, simple outil de création dans l’œuvre de l’artiste français, qui portent désormais un « Yves Klein » comme accessoire.
Voici quelques exemples de styles nés de la peinture mais comme Alfred Hitchcock s’inspirant du tableau « House by the Railroad » d’Edward Hopper pour le décor de son film « Psychose », les grands couturiers sont nombreux à intégrer les formes, couleurs, et textures des tableaux les plus connus à leur univers. Et, en effet, puisque ces chefs-d’œuvre ont fait leurs preuves, réaffirmant à chaque génération leur pouvoir de séduction, la Haute Couture aurait bien tort de les négliger.