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En 1862, lors de l’inauguration du Grand Hôtel par l’impératrice Eugénie, celle-ci s’était exclamée : « C’est exactement comme chez moi ! Je me suis crue à Compiègne ou à Fontainebleau ». Les grands hôtels représentent la quintessence du luxe où, parfois, le luxe et l’ennui se mêlent, créant une ambiance unique, propre à ces lieux fabuleux.
L’histoire des hôtels de luxe parisiens commence au début du XIXesiècle. En 1818, Charles-Augustin Meurice ouvre au 223 rue Saint-Honoré un hôtel Meurice. Ce n’est plus une « auberge » traditionnelle, l’hôtel est destiné à un public fortuné. La variété des services proposés (blanchisserie, personnel anglophone), l’attention particulière donnée au confort (il s’agit du premier hôtel parisien à avoir installé une salle de bain dans chaque chambre) et le chic d’un club anglais font du Meurice l’étendard de l’hôtel de luxe moderne.
L’émergence des hôtels destinés à une clientèle aisée s’articule autour de plusieurs phénomènes : l’haussmannisation de la capitale, les Expositions universelles dont la première a lieu en 1855, et la spéculation immobilière. Les célèbres banquiers Pereire font construire le Grand Hôtel du Louvre en 1855 et le Grand Hôtel en 1862 (aujourd’hui l’hôtel Intercontinental). La dénomination « grand hôtel » évoque la grandeur de ce lieu, dans un double sens : l’étendue de son luxe et la taille considérable de l’édifice, qui peut se permettre de s’installer au centre de la capitale. En même temps, les « palaces » fleurissent aux États-Unis, nouveaux hôtels de taille plus réduite, mais avec un équipement moderne et toujours très luxueux. À Paris, en 1898, César Ritz édifie le palace le plus connu de la capitale française, le Ritz. César Ritz connaissait les envies de sa clientèle, il a fait de son palace une scène de théâtre avec un décor luxueux où se déroulaient les spectacles de la vie chic.
La clientèle fortunée est exigeante. Avec l’arrivé de la modernité, le grand luxe exige un confort royal et réclame les innovations les plus performantes. Un plafond vitré amovible est installé à l’hôtel Regina, l’eau chaude circule dans les supports de serviettes dans les salles de bains de l’hôtel Chatham. On assiste à cette époque à l’ouverture de plusieurs autres institutions connues encore aujourd’hui : le Lutetia (1910), le Plaza Athénée (1913), le Majestic, connu de nos jours comme Penisula (1908).
Cette mythologie des hôtels chic est accompagnée par l’orchestration du thème du luxe. Les commerces de luxe installés dans les hôtels ou à côté (comme la boutique de Christian Dior ouvert en 1946 avenue Montaigne près du Plaza Athénée), les services particuliers comme un café et un billard installés sur le toit-terrasse de l’Hôtel Continental en 1978, un minigolf à l’hôtel Scribe, une galerie d’art au Grand Hôtel du Louvre ou encore une cave de 250 000 bouteilles à l’hôtel Crillon.
Pour en savoir plus sur l’univers de l’hôtel, son passé, son présent et son futur, rendez-vous au Pavillon de l’Arsenal, à l’exposition «Hôtel Métropole» jusqu’au 12 janvier 2020.