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Le Musée Yves Saint Laurent – Paris présente jusqu’au 25 août l’exposition Yves Saint Laurent : Transparences, le pouvoir des matières. Cet événement constitue le deuxième volet d’une réflexion commencée en 2023 avec la Cité de la dentelle et de la mode à Calais.
Le commissariat de l’ensemble de l’exposition est assuré par Elsa Dressen, directrice du musée Yves Saint Laurent de Paris depuis 2022, assistée d’une conseillère artistique invitée et de deux commissaires scientifiques, la première responsable des collections du musée et la seconde chargée des collections artistiques du musée. Cette équipe attestant du sérieux des choix effectués s’est par ailleurs appuyée sur le savoir-faire de Pauline Marchetti, architecte et enseignante à l’ENS des Arts Décoratifs de Paris, pour la scénographie.
Décomposé en cinq sections, le parcours proposé met en valeur les subtiles variations de la transparence d’Yves Saint Laurent.
En premier lieu, le spectateur découvre quelques tenues signées Yves Saint Laurent, robes du soir, smokings, mettant en valeur une véritable palette de matières au service de la transparence : organza, cigaline, dentelle, tulle et mousseline. Le créateur a sélectionné ces étoffes et, pour produire ses effets, il a joué du degré de souplesse, de la densité de maillage et de la tenue de chacune d’elles.
Les trois sections suivantes vont plus loin. Elles soulignent l’interaction entre le modèle et le tissu qui le recouvre. Dans la salle « transparence ajourée », des parties du corps se dévoilent par endroits et deviennent des motifs harmonieux. Dans celle « transparence floue », c’est le mouvement rendu possible qui est mis à l’honneur. La fluidité de la mousseline ou du tulle enrobe la silhouette qui, protégée, peut s’animer. Enfin, dans celle « transparence structurale », grâce à l’organdi, l’accent est mis sur la rigidité de la forme rappelant que la robe est une architecture pensée, dessinée en amont par le créateur.
Dans la dernière section enfin, plusieurs mariées exhibent leurs robes de tulle ou de dentelle blanche, violette ou rouge, leurs bijoux et leurs voiles assortis. Présentes ici comme à la fin de chaque défilé d’Yves Saint Laurent, elles semblent, en affichant la transparence de leurs robes, subvertir l’aspect solennel du rituel du mariage. La légèreté associée à tout tissu transparent, qu’il soit « ajouré », « flou » ou « structural », leur permet ainsi d’affirmer leur liberté.
Des œuvres plastiques accompagnent ce parcours. De salle en salle se succèdent ainsi un ensemble de dessins de la plasticienne contemporaine Anne Bourse, un tirage de la photographie sans titre (1927) de Man Ray, la danse serpentine de Loïe Fuller filmée par les frères Lumière (1897-1899) et la composition Transparences aux 5 personnages (1926-1929) de Francis Picabia. Chacune de ces productions présente des liens au textile et fait écho aux différentes transparences des robes.
Yves Saint Laurent s’est inspiré des productions des artistes, notamment avec la robe Mondrian. Ses créations de mode sont indissociables de l’art. Cette exposition s’inscrit dans cette tradition mais va plus loin. S’appuyant sur les œuvres textiles de transparence, elle révèle que la haute couture, malgré sa finalité pratique, peut être un art à part entière. En en pointant les règles du jeu, les commissaires de l’exposition affirment qu’un objet de mode, telle ici la robe, devient œuvre dans un jeu de contraintes et d’opportunités inhérentes à ce qu’elle est.
Images:
Image de gauche : CROQUIS D’ILLUSTRATION D’UN SMOKING Collection haute couture printemps-été 1968 réalisé par Yves Saint Laurent en 1983 pour le catalogue de l’exposition Yves Saint Laurent 25 Years of Design du Metropolitan Museum of Art de New York © Yves Saint Laurent
Image de droite : CROQUIS DE RECHERCHE POUR UN ENSEMBLE DU SOIR Collection SAINT LAURENT rive gauche Automne-hiver 1988 © Yves Saint Laurent