|
![]() |
|
Alors que la maison Mumm repousse les limites de la gravité avec sa cuvée Grand Cordon Stellar, focus sur l’expansion du tourisme spatial, un secteur sur lequel se positionnent de plus en plus d’entreprises.
Des bulles de champagne…en apesanteur. C’est le défi, aussi technologique que gustatif, qu’a remporté la Maison Mumm, dont la cuvée spéciale Grand Cordon Stellar vient de recevoir le Grand Prix Stratégies du Design 2019. Développé pour les vols aériens de l’entreprise Novespace, le vin issu de cépages de pinot noir a été spécialement conçu pour être dégusté en l’absence de gravité terrestre, grâce à un tube futuriste inséré dans la bouteille, un bouchon coulissant et des flûtes retenant les bulles du précieux liquide. « En absence de gravité, explique Didier Mariotti, le maître de cave de Mumm, le liquide recouvre instantanément l’intégralité du palais, magnifiant les sensations. Il y a moins d’effervescence, mais davantage de rondeur et de générosité, permettant au vin de s’exprimer pleinement ».
Cinq millions de touristes spatiaux en 2030 ?
Le coup de comm’ de la maison champenoise ne doit rien au hasard. S’il s’agit encore d’une « niche », le tourisme spatial est, selon tous les experts, appelé à se développer au cours des années à venir, quelque 5 millions de visiteurs étant attendus dans l’espace d’ici à 2030. Dès l’orée des années 2000, des touristes avaient effectué des séjours à bord de la Station spatiale internationale (ISS), déboursant, à l’image de l’homme d’affaires américain Dennis Tito, la bagatelle de 20 millions de dollars pour le privilège de passer quelques jours en vol orbital. Le vol suborbital, qui consiste à atteindre les limites de l’atmosphère sans mise en orbite, est quant à lui nettement plus accessible, le prix du billet avoisinant les 200 000 dollars.
C’est sur ce dernier créneau que se positionnent de plus en plus d’entreprises privées, de la multinationale à la start-up : Virgin Galactic, fondée par le milliardaire Richard Branson, qui avec son avion suborbital SpaceShipTwo proposera à huit passagers de vivre quelques secondes en apesanteur ; Blue Origin, créée par le patron d’Amazon, Jeff Bezos ; ou encore XCOR Aerospace, une jeune pousse lancée par Jeff Greason. Du côté du vol orbital, la compétition des « taxis spatiaux » reliant la Terre à l’ISS fait rage entre les américains Boeing et Space X, cette dernière ayant été fondée par le fantasque milliardaire Elon Musk, qui envisage très sérieusement la colonisation de la planète Mars.
Un premier hôtel de luxe dans l’espace en 2022
Si l’on ignore encore quand et comment les premiers humains fouleront le sol de la planète rouge, de premiers touristes spatiaux devraient pouvoir séjourner en orbite terrestre d’ici peu. La société californienne Orion Span a ainsi dévoilé au cours du mois de janvier dernier les premières images d’Aurora Station, son futur hôtel de luxe de 42 m2, situé à 320 kilomètres d’altitude. Un hébergement « all inclusive », qui pourra dès 2022 accueillir six visiteurs pendant une durée de douze jours, pendant lesquels ces touristes d’un nouveau genre profiteront de pas moins de seize levers et couchers de soleil quotidiens, du survol de leur ville natale, de parties de ping-pong en apesanteur ou encore de la culture d’aliments en orbite. Un privilège qui a un prix : 9,5 millions de dollars.
« Cette expérience unique vous permettra de vivre l’exaltation de l’apesanteur et de contempler de superbes panoramas de la planète sans craindre de vous perdre dans l’espace », avec « l’avantage de faire le tour de la terre en 90 minutes », vante ainsi la plaquette de réservation du projet, qui se veut « accessible à tous » – ou, du moins, à ceux qui en ont les moyens. Cette nouvelle étape de la conquête spatiale n’est pas, en effet, sans poser de sérieuses questions éthiques : si la minorité d’individus pouvant s’offrir des vacances dans l’espace fera indéniablement profiter la recherche et repoussera les frontières de l’inconnu, le tourisme spatial restera, longtemps, l’apanage des hyper-privilégiés, et ce alors que les moteurs des fusées sont très fortement émetteurs de pollution atmosphérique. Les progrès en matière environnementale seront donc déterminants pour la durabilité de ce nouveau secteur.
Mumm innove
En attendant que se démocratise le tourisme spatial, la maison Mumm fait preuve d’innovation. « Il nous a fallu trois ans pour mettre au point le premier prototype » du Grand Cordon Stellar, se remémore dans Stratégies Octave de Gaulle, ancien étudiant à l’Atelier de Sèvres et fondateur de l’agence de design d’objets spatiaux Spade. « Dans l’espace, les problèmes sont adressés de manière cru et technique. On a oublié d’y d’emmener le confort, l’ergonomie et les petits gestes qui nous permettent de nous sentir humain loin de la terre », explique encore l’arrière-petit-neveu du général de Gaulle, qui confesse aimer « l’idée de me débarrasser de tous les réflexes que nous avons pour dessiner des objets sur Terre. Il a fallu aller chercher des formes pertinentes, c’était pour moi un eldorado ». Un « eldorado » bientôt consommable en apesanteur pour 25 000 euros et, d’ores et déjà, sur Terre, pour 35 euros seulement.