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« Une femme impeccablement maquillée est immédiatement remarquée lorsqu’elle entre dans une pièce, mais on ne sait pas que cela vient de son maquillage »
Depuis plusieurs années, le marché de la cosmétique de luxe connait un succès fulgurant, comme en témoigne la forte croissance de L’Oréal Luxe en 2018, ou encore l’annonce faite par Hermès de se lancer sur ce créneau. Décryptage avec Guillaume Ryckwaert, homme d’affaires et entrepreneur.
Les Carnets du luxe : Comment expliquez-vous le succès de ce secteur en pleine expansion?
Guillaume Ryckwaert : La cosmétique de luxe est en train de faire son aggiornamento : elle devient à la fois bio et high-tech. En France, ce marché accuse d’ailleurs un certain retard et doit passer à la vitesse supérieure : anticiper le désir des femmes à se faire belles avec des produits exigeants et naturels.
Les Carnets du luxe : Quel est le public de la cosmétique de luxe ?
Guillaume Ryckwaert : Toutes les femmes, indépendamment de leur niveau social ou de leur pouvoir d’achat. Je crois que les femmes, et les hommes d’ailleurs, sont prêts à mettre le prix pour un fard à joue qui donnera une lumière particulière à leur visage, et qui accentuera leur charme. Ce « supplément d’âme » du maquillage n’est possible qu’avec des produits de qualité. Par ailleurs, les sociétés dans lesquelles j’investis sont exclusivement made-in-France. Mes clientes apprécient particulièrement ce point.
Les Carnets du luxe : y a-t-il, comme pour d’autres produits de luxe, un savoir-faire/une excellence français(e) en matière de cosmétique de luxe ?
Guillaume Ryckwaert : Bien sûr. D’abord, il existe une excellence française en matière d’élégance, je dirais une élégance discrète, qui donne l’illusion du naturel. A l’inverse de l’élégance « à l’américaine », plus chargée, plus sophistiquée, plus outrancière. Coco Chanel disait « Si une femme est mal habillée, on remarque sa robe, mais si elle est impeccablement vêtue, c’est elle que l’on remarque ». Et bien pour le maquillage, c’est pareil. Une femme impeccablement maquillée est immédiatement remarquée lorsqu’elle entre dans une pièce, mais on ne sait pas que cela vient de son maquillage. L’excellence française se distingue par cette impression de naturel et par la qualité de ses produits, eux aussi plus bio, plus naturels.
Les Carnets du luxe : Quelle sont vos ambitions dans la cosmétique de luxe ?
Guillaume Ryckwaert : Je pense qu’il faut accompagner les gens dans le soin et le maquillage. Nous comptons développer des séances de coaching de deux heures. Le maquillage est une technique – et un art. Impossible de s’improviser maquilleur. Cela nécessite un savoir-faire. Pourquoi ne pas le transmettre aux clientes ? En deux heures, nos formateurs enseignent tous les petits secrets qui permettent de redonner de l’éclat à un visage. En apprenant à mieux se mettre en valeur, notre image de nous-mêmes évolue, la confiance revient, et tout devient possible : prendre la parole en public pour faire une présentation, ou séduire la personne que l’on aime.
Les Carnets du luxe : comment voyez-vous l’évolution de la Cosmétique de luxe dans les prochaines années ?
Des produits plus naturels, et de meilleure qualité. Et puis une véritable expérience utilisateur. La réalité augmentée proposera des visualisations de soi maquillé (ce que font déjà les smartphones avec leurs filtres), qui permettront aux consommateurs d’acheter un maquillage personnalisé. C’est d’ailleurs dans cette logique que nous proposons des formations : pour que l’expérience soit déterminante dans le choix du produit et la décision de l’achat. L’offre de cosmétique sera probablement de plus en plus variée, compatible avec tout type de peau, de couleurs de peau. On a vu récemment l’émergence du maquillage pour hommes. Il en faut pour tous les genres et pour tous les goûts.